Tragédie d'après l'oeuvre éponyme de William Shakespeare, mise en scène de Marion Montel, avec Xavier Berlioz, Jean-Baptiste des Boscs, Claire Faurot, Manon Montel, Léo Paget et Thomas Willaime.
Il est difficile de résumer l'histoire des célèbres amants de Vérone en une heure et quinze minutes. C'est pourtant le pari qu'a tenté (et réussi) Manon Montel avec ce "Roméo et Juliette" centré sur l'amour des deux jeunes gens.
Cette version dense et fiévreuse, contée à deux voix comme en confidence par le Frère Laurent et la nourrice doit donc filer bon train pour relater en si peu de temps toutes les péripéties du classique de Shakespeare.
Il faut tout d'abord saluer l'audace de la mise en scène très esthétique (sans être "esthétisante") de Manon Montel. Comme un tableau pointilliste, celle-ci mêle avec réussite la danse (sublime chorégraphie de Claire Faurot), la musique (du très inspiré Samuel Séné) jouée sur scène avec violoncelle, guitare et accordéon. De même que de belles parties chantées choralement.
Manon Montel a fait des choix opportuns et démontre une vraie connaissance et un respect de l'oeuvre. La mise en scène est également intelligente avec des scènes croisées ou le choix de représenter le père de Juliette a trois voix.
Si on y rajoute l'élégance des costumes de Madeleine Lhopitallier, le spectacle est d'une très belle facture. Les combats remarquablement dirigés par Léo Paget et exécutés avec précision par des comédiens pugnaces et bouillonnants prennent également part à la réussite de l'ensemble.
L'adaptation moderne de Manon Montel conserve l'essence de la pièce à travers les scènes marquantes impeccablement restituées. Seul petit bémol de cette traduction : à vouloir trop rendre vivantes les scènes secondaires, celles-ci en perdent parfois leur musicalité et leur lyrisme, rendant l'assemblage bancal et ballotant un peu le navire.
Qu'importe, avec à sa tête deux comédiens aussi investis que passionnés, l'équipage retrouve vite sa vitesse de croisière toujours plus rapide. Manon Montel donne toute sa fougue dans le rôle de Juliette avec une endurance de marathonienne. Quant à Thomas Willaime, il est un parfait Roméo, saisissant de puissance et de passion.
Tous deux sont impressionnants et forment un très beau couple. Complétée par une distribution rétrécie où tous prennent leur part de ce beau travail. Xavier Berlioz est d'une touchante sobriété dans la rôle du Frère Laurent, Jean-Baptiste des Boscs est un redoutable Tybalt, Claire Faurot joue une émouvante nourrice et Léo Paget compose un Mercutio ironique et mordant.
Eclairé judicieusement par Arnaud Barré, ce "Roméo et Juliette" de la Compagnie Chouchenko, vif et flamboyant, emporte par son enthousiasme et sa beauté. Une magnifique proposition, déclaration d'amour à la pièce de Shakespeare, qui marque par sa pertinence, ses images magnifiques et son rythme trépidant.
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