Spectacle humoristico-musical de Maria Dolores avec les musiciens Christophe Doremus, Sandrine Roche, Michel Capelier et Ariane Lysimaque.
On avait laissé Maria Dolores en compagnie des Habibi Starlight. La biche madrilène racontait ou rêvait son passé oriental. Digne descendante de Gloria Lasso ou de Dalida, mâtinée d'Yma Sumac, elle évoquait les parfums délétères des boîtes libanaises ou des tripots cairotes.
Cette fois-ci, elle a troqué ses lascars arabes pour un orchestre plus classique, l'Amapola Quartet : Sandrine Roche au piano, Christophe Dorémus à la contrebasse, Ariane Lysimaque au violon... et Michel Capelier au bandonéon.
Bandoléon ! Cela détonne des trois instruments et cela met sur la piste du spectacle de Maria Dolores. Bandonéon, cela rappelle Astor Piazzolla, Jorge Luis Borges dissertant sur la milonga et au premier chef l'Argentine et le tango.
Si Michel Capelier a ressorti son bandonéon pour les beaux yeux de la diva, dont il est accessoirement le "souffre-douceur", il ne faut pas oublier que ce musicien hors pair est aussi un compositeur de premier ordre.
Bien entourée, Marie Dolores se fait à la fois historienne du tango et chante des standards du genre. Elle ajoute à son arc une autre corde : l'improvisation. Ce qu'elle appelle elle-même la "divagation". Profitant de la proximité du public dans la belle salle du Bal Nègre devenu Bal Blomet pour les adeptes du politiquement correct, c'est-à-dire tout son contraire, elle interpelle les spectateurs, s'amuse d'eux et avec eux.
Les allusions fusent sur untel ou unetelle, toujours sans méchanceté mais avec l'acuité de quelqu'un qui voit très vite la répartie qu'elle peut tirer des choses qui se déroulent inopinément.
Maria Dolores emporte tout sur son passage, interdit l'ennui, combat toute baisse de rythme sans jamais en faire plus que trop. Bref, elle est une "showgirl" comme on en voit peu. Elle est aussi convaincante en servant le genre tango qu'en le parodiant.
On aura le droit aux "Bêtises" de Sabine Paturel, au "Bal Masqué" de la Compagnie Créole, et même à quelques échos de Michael Jackson façon Tango, comme on aurait pu les entendre dans un bar de Buenos Aires. On aura aussi le droit à de grands classiques du genre, composés par Anibal Troilo ou Astor Piazzola et même à "Besame mucho" chanté en plusieurs langues par Maria Dolores.
Pour récompenser son public, la diva terminera son récital par une version éblouissante d'une chanson de Barbara, confirmant qu'elle peut tout chanter, qu'elle finira par tout chanter et qu'on en redemandera encore et toujours. |