Wilfred Charles Heinz
(Editions Monsieur Toussaint Louverture) février 2019
"Ecrire c’est construire un mur de pierre sans mortier, on place les mots un par un, on les ajuste, on les enlève, et on les ajuste à nouveau, jusqu’à ce qu’ils soient imbriqués et stables"
Ces mots prononcés W.C. Heinz, l’auteur de Ce que cela coûte résonnent de toute leur splendeur à la lecture de ce superbe ouvrage datant de 1958 que les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont eu la superbe idée d’éditer.
Le livre, l’objet, est juste sublime, dans une édition hyper soignée, dans la continuité du travail produit par ses éditeurs qui aiment nous proposer à chaque livre de superbes objets. Les coins sont arrondis, la couverture est sérigraphiée sur du papier contenant des fibres de cuir, les coutures sont en fil coloré et le papier intérieur est de qualité supérieur. Tiré à 5000 exemplaires en édition limitée et numérotée, il est donc un objet précieux que je suis ravi de posséder.
Evidemment, un objet sans contenu brillant n’aurait su très peu d’intérêt et ici le livre, son contenu, est à la hauteur de son contenant. Simple, épuré et magnifique. C’est tout simplement un petit bijou de la littérature américaine, dans ce qu’elle a de plus beau.
L’auteur, chroniqueur, correspondant de guerre, journaliste sportif et romancier, véritable boxeur des lettres, a jeté les bases de ce qu’allait devenir le nouveau Journalisme de Tom Wolfe.
Le livre est centré autour du boxeur Eddy Brown. Tout de mesure et de détermination, lentement, on le voit se préparer pour son prochain combat de boxe, le combat de sa vie, celui qui pourrait lui permettre de devenir champion du monde des poids moyen. Après neuf ans sur le ring, son heure a donc sonné, après avoir cumulé plus de 80 victoires pour trois défaites, il va enfin combattre pour le titre. Ses luttes, son travail quotidien et ses sacrifices vont bientôt trouver leur sens lors d’un unique match.
En attendant, ce fils de maçon doit se preparer. Et telle une caméra, Franck Hugues, journaliste esthète, suit l’athlète les derniers jours avant ce combat. Entraînements, repas, conversations, Franck capture toutes les difficultés, les joies et les doutes d’un homme au moment décisif de sa vie mais aussi l’intense relation qui le lie à son manager, Doc Caroll, à la fois coach, père et démiurge, qui a attendu toute sa carrière le boxeur qu’il pourra façonner et mener au sommet.
Vous l’avez donc compris, c’est un donc un superbe portrait intime d’un boxeur à l’entraînement que nous offre W.C Heinz, un superbe livre sur la boxe, que l’on a coutume d’appeler le noble art. Ce que cela coûte est un ouvrage qui évoque la passion de ce sport, les nécessaires efforts que doivent faire les boxeurs pour arriver à entrevoir la lumière et l’abnégation qui est le fil conducteur de l’entraînement d’un champion.
C’est aussi un formidable témoignage sur les relations humaines qui se tissent entre un champion et son entraîneur qui voguent vers la même ambition. Il est un formidable témoignage sur le monde de la boxe dans les années 50, bien loin de celui que l’on connaît actuellement qui repose sur des sommes d’argent astronomiques, dépendant des retransmissions télé. Il est surtout une formidable œuvre littéraire, superbement écrit, passionnant du début à la fin que l’on aime ou pas la boxe.
Jean-Louis Zuccolini
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