Il y a les valeurs sûres que sont les plaids roses et les copines du lycée, et puis il y a les pulls à paillettes et la french song. Guillo est chanteur-guitariste-auteur et compositeur. Sa valeur sûre à lui c’est le verbe gaulois, qu’il arrange autour de guitares et de percussion sur ce nouvel album Macadam Animal.

C’est nous. Les animaux du macadam. Civilisés aux langages complexes et aux sentiments ambivalents. Guillo nous est familier, il chante le chaos dont naîtront les étoiles, l’orage avant l’éclaircie, la tempête avant le calme. Des peintures rupestres du Pont d’Arc aux trottoirs des cités polluées, Guillo brosse un portrait de l’humanité dans toute sa splendeur, entre atrocité et merveilleux.

Il fout les poils dans cet hommage aux victimes "aux amis, aux sœurs, aux destins fauchés, aux familles qui pleurent" ("Ton cœur"), le cri des ambulances au fond et la mélodie comme une berceuse avant de dormir, pour toujours, le cœur vidé sur du macadam, pourquoi ?

Mélancolique, Macadam Animal raconte aussi le départ, la fin, le manque, la folie destructrice de l’homme avide de possessions. La voix de Guillo a le timbre rassurant des conteurs et le ton rassurant de ceux à qui on ne la fait pas. "Sous le soleil de plomb, les yeux des indigènes, Algania sous le pied, des regrets à la pelle, quelques traces de boue qui trainent" ("Algania").

Et pourtant, on pourrait croire que Guillo accable l’homme de ses pêchés, qu’il n’a aucune considération pour ce vil bourreau destructeur. Même pas, l’album sonne comme un plaidoyer de cette humanité immature qui espère que ses enfants feront mieux. "Nous aimions la terre, nous y étions nés, nous aimions la terre, nous n’avions pu rester, se crever la rétine à regarder une dernière fois, la maison blanche qui s’éloigne jusqu’à ce qu’elle s’estompe et disparaisse" ("Nous aimions la terre").

Sans colifichets ni rouflaquettes, Macadam Animal nous emmène dans les tréfonds de l’humanité, de ses origines à ses coins les plus sombres, illuminés par l’immensité de l’amour qui l’habite.