Concert piano-voix de Lewis Furey, autour des lieder de Johannes Brahms.
Un piano noir. Un coin de la scène occupé par un écran qui liste la trentaine de lieder de Johannes Brahms traduits par Lewis Furey et qui vont constituer la majorité de son spectacle "Haunted by Brahms". Dispositif simple et efficace pour un homme "hanté par Brahms", qui est là pour faire plaisir à son public et accessoirement à lui-même.
Car Lewis Furey est heureux d'avoir pu adapter les chansons du compositeur autrichien, d'en avoir tiré des épures pops et d'exercer sur leurs variations sa voix si caractéristique, l'une des plus belles parmi les rock star.
Ceux qui ont de la mémoire, n'auront pas oublié le jeune romantique à cheveux longs qui fit de Carole Laure une grande vedette de la chanson. Ils seront surpris de découvrir que le petit bonhomme chauve à lunettes serré dans son jogging noir à capuche qui va d'emblée les enchanter avec "Just a feeling" est son prolongement naturel.
Plus de trente ans séparent ces deux personnages qui ne font qu'un et, pourtant, le Furey d'aujourd'hui n'a rien perdu de sa technique de chant. Au contraire, chaque note émise et chaque mot énoncé abolissent le temps : Furey est intemporel.
Il magnifie Brahms et explique comment ce génie a nourri la pop anglaise. Il le prouve en interprétant "Your song" d'Elton John et "The fool on the hill" de Lennon-Mc Cartney.
Pour sa part, sa tâche n'en est qu'à ses débuts, puisqu'il y a plus de deux-cents lieder à traduire et interpréter. Il s'y colle sans faillir et l'on imagine que son récital va s'amplifier dans les années à venir et dépasser les 70 minutes actuelles.
Car on ne pourrait faire qu'un unique reproche à ce spectacle de grande qualité : il est trop court. Il mériterait d'être encore étoffé. Le Canadien anglophone qui a su mener au succès sa compagne francophone est sur le bon chemin, celui qui conduit à réussir quelque chose d'inattendu, de colossal.
L'éphèbe transformé en vieux sage malicieux au français délicieusement languissant sait désormais qu'il ira jusqu'au bout de son entreprise et qu'il donnera, de temps à autre, de ses nouvelles chantées à son public déjà conquis. On attend déjà avec impatience "Haunted by Brahms 2"
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