Remarqué en octobre 2001 avec un album éponyme, Black Rebel Motorcycle Club (B.R.M.C pour les intimes) avait créé l’événement. Ce n’est pas dur, allez-vous rétorquer, à cette période, chaque nouveau groupe en “The” jouant du rock créait l’événement.
Sauf que, pour son originalité, B.R.M.C. plaisait par son étonnante discrétion médiatique, tranchant avec The Vines et autres Strokes, par ses interprétations live quasi apocalyptiques (qui peut se vanter de s’être remis de leur prestation de la Route du Rock 2001 ?), et surtout par sa noirceur que seuls The Music parvint à égaler…
Autre prouesse, celle de n’avoir lancé aucune spéculation sur la sortie de leur propre deuxième album, de l’avoir sortie avant les autres, sans ragots de séparation, d’engueulade… Le premier extrait de cet album s’intitulait "Stop" (8 août 2001) et comprenait deux inédits ("High/low+" et le titre qui donne son nom à l’album, sans pourtant y figurer). Parfait avant goût de l’album, l’EP avait séduit car il avait réussi la difficile équation de surprendre tout en étonnant…
C’est donc avec "Stop" que s’ouvre l’album.Un album plus rapide que le premier opus, mais aussi plus travaillé notamment sur la production avec un son bien plus net, plus épuré pour mieux rendre la rapidité des rifs (notamment sur "Six Barrel Shotgun"). On y retrouve aussi bon nombre de mélodies enjouées, voire gaies, que l’on ne trouvait pas sur le premier album ("We’re all in love").
Coté réminiscence du passé, on peut citer "In like the rose", qui reprend une intro longue et mystérieuse, et un chant très lent couplé à de grosses guitares, mais aussi "Shade of Blue", où les mouvements de guitares grasses tissent une atmosphère lourde et uniforme.
"Suddenly" est de loin le meilleur morceau de l’album, avec une intro chantée interminable, où l’on attend le départ des guitares qui ne vient pas, où l’on se sent emprisonné par la musique, quand, au bout de 2 minutes, enfin la voix vient nous libérer. Avec cependant un peu plus de pêche, qu’on attend des prestations scéniques, ce morceau peut se révéler une bombe en live.
Les deux plus grosses déceptions viennent de "Generation" et de "Rise of Fall", trop brouillonnes, marquées cette fois par un manque de production.
Le titre le plus étonnant est peut-être "Ha ha High Babe", très posé, mais aussi très country dans son refrain, avec last but not least de grosses guitares bien crades en fond sonore.
Aurait-on besoin de préciser que "Us Government" est le titre le plus apocalyptique, brouillon de l’album ? (“we are the ones that keep you down ; you’re gonna make it, you’re gonna suffer” sorte de slogan du libéralisme).
La plus grosse surprise vient peut-être de "And I’m Aching", entièrement acoustique, mais sur laquelle B.R.M.C. parvient à maintenir son univers étouffant malgré une mélodie digne de Travis. La magie d’un groupe qui, quoiqu’il entreprenne, ne peut s’empêcher d’apposer sa palette tirant vers le noir, son son crade pourtant si plaisant.
L’album, s’il est moins bon que le précédent, demeure tout de même au dessus de bon nombre de production rock. Moins bon peut-être car moins spontané, l’album prend une autre tournure plus psychologique voire philosophique : la pochette ne montre pas innocemment B.R.M.C au bout d’un tunnel, montrant une possibilité d’ouverture sur le monde renié dans le premier album.
Des Rebels moins rebels ? C’est peut-être la chanson "We’re All In love" qui finalement décrit le mieux l’état d’esprit du groupe…