Spectacle musical conçu et interprété par Wolfgang Pissors et Isabelle Serrand.
Duo sur scène et duo dans la vie, Wolfgang Pissor et Isabelle Serrand, lui au chant et elle au piano, poursuivent leur petit bonhomme de chemin musical entamé le mois dernier à l'Essaïon avec "L'Amour n'y a qu'ça d'vrai", un spectacle de chansons de Jean-Claude Siméon.
Cette fois-ci, mais toujours avec le même entrain et la même complicité, le duo franco-allemand va rendre hommage aux échanges musicaux... franco-allemands des années 1930-1950. Avec des textes de Jacques Prévert et de Bertold Brecht sur des musiques de Christiane Verger, Hanss Eisler, Kurt Weil et Joseph Kosma.
Du côté germanique, on aura une belle brochette de chansons souvent reprises d'opérettes comme "L'Opéra de Quat'sous", dont l'immortel "tube" chanté dans la version française du film éponyme par Albert Préjean, et qui aura même plus tard les honneurs d'un célèbre enregistrement des Doors et de Jim Morrisson : "La complainte de Mackie".
Emblématique du duo Kurt Weil-Bertold Brecht , "Mackie's song", est typique de ce qui fit la grandeur de la chanson berlinoise d'avant le nazisme. Quand Wolfgang Pissors interprète "Youkali" une autre composition de Kurt Weil ou "Le Chant vivifiant de l'argent", composé par Hanss Eisler sur des paroles de Brecht, il n'oublie pas qu'il s'agit d'oeuvres populaires destinées à tous. Il ne faut pas les chanter, malgré la renommée de leur auteur, comme des morceaux classiques, mais comme des chansonnettes joyeuses et pleines de gouaille.
Même chose pour la partie française, avec peut-être encore plus de légèreté : on sait que Jacques Prévert aime les animaux, particulièrement les oiseaux, et les cancres qui font des bêtises.
Dès lors, Wolfgang Pissors et Isabelle Serrand ont pioché largement dans son répertoire amusant. Avec "Quelqu'un" et "Quartier libre", deux belles compositions hilarantes de Christiane Verger, la première à mettre en musique le poète de "Paroles" avant Joseph Kosma. Celui-ci est aussi présent avec notamment "La Chasse aux enfants" et "Deux escargots s'en vont à l'enterrement".
Sans trahir un grand secret, Wolfgang Pissors et Isabelle Serrand n'ont pas choisi les plus connus des poèmes de Prévert mis en musique par Joseph Kosma. Pas de "Feuilles mortes" ni d'"Enfants qui s'aiment" donc, mais tout de même, une belle version émouvante de "Barbara".
Usant parfois de sifflets et d'appeaux, ouvert aux tours de magie, Wolfgang est visiblement aussi heureux de chanter qu'Isabelle de l'accompagner. Sans trop se faire remarquer, elle sait montrer avec son beau toucher musical, qu'elle n'est pas une simple accompagnatrice.
Le couple réussit son pari : on passe une heure merveilleuse dans un pays utopique où la poésie et la musique vivent en harmonie. Grâce à Wolfgang Pissors et Isabelle Serrand, l'on redécouvre ce "Berlin en Seine", pied de nez aux heures sombres traversées par la France et l'Allemagne. |