Direction Singapour, ville plutôt connue pour ses activités financières que pour sa littérature, avec un premier roman d'une jeune auteure, Ponti, publié aux éditions Buchet-Chastel. Sharlene Teo est né en 1987 à Singapour, elle est diplomée en creative writing en Grande-Bretagne et a reçu un prix de prépublication prestigieux. Ponti a déjà été traduit dans près de dix pays.
Le roman tourne autour de deux personnages, Zsu et Circe. Zsu est une ado timide et mal dans sa peau. Elle vit recluse à Singapour avec sa grand-mère et sa mère, une ancienne star de films d'horreur devenus cultes. Quand elle rencontre Circe, à l'aise partout, jolie et brillante, c'est le coup de foudre et l'espoir pour elle d'échapper à l'étouffant huis-clos familial. C'est aussi le début d'une amitié adolescente fusionnelle, même si Circe, au fond, est surtout obsédée par la mère de son amie et son aura de célébrité.
Vingt ans plus tard, en pleine crise de la quarantaine et sur le point de divorcer, Circe est confrontée, au détour d'un projet professionnel, à cette passion oubliée. Les souvenirs remontent petit-à –petit, avec les bouleversements qui vont avec…
Pour tout vous avouer, je n'attendais pas grand-chose de la lecture de cet ouvrage lorsqu'il arriva entre mes mains. Je n'avais jamais entendu parler de cette auteure ni de ce livre, je ne l'avais même pas repérer comme future éventuelle lecture. Sa réception, Merci Claire, me fit découvrir une quatrième de couverture pas plus avenante que cela, une couverture plutôt jolie et un petit commentaire concernant l'ouvrage de Ian Mc Ewan, un auteur que j'adore, qui me mit l'eau à la bouche.
Trois cent pages plus tard, je ne suis pas déçu de ma lecture et l'image que je me faisant de la métropole Singapourienne ne se limitera plus à des immeubles de cinquante étages ou plus les uns à coté des autres. Ponti est un ouvrage plein de charme, un roman choral autour de trois femmes qui s'avère être drôle, émouvant et original avec en toile de fond l'ambiance du Singapour des trentes dernières années.
Les trois personnages qui se livrent dans l'ouvrage sont particulièrement attachants. On y trouve la mère de Zsu, Amisa, une charmante femme qui a tourné trois films d'horreur qui lui ont donné une certaine notoriété. Le nom de cette trilogie ? Ponti ! Le livre nous retrace sa vie avec notamment les relations compliquées qu'elle entretenait avec sa fille Zsu. Autour d'elle, Circe, une jeune fille qui entre dans la vie de ces deux femmes autour d'une relation fusionnelle.
On suit donc trois voix, trois destins depuis le début des années 70 en alternant les points de vue et les époques. L'ensemble est servi par une très belle écriture, sensorielle et poétique qui nous donne une très belle impression de l'atmosphère qui règne à Singapour, ville connue pour sa moiteur, son humidité et sa population multiculturelle.
Ponti est donc un ouvrage dépaysant qui aura eu le mérite de me faire découvrir un écrivain et une ville. C'est un ouvrage qui nous fait aussi beaucoup réfléchir sur des sujets importants comme l'amitié et les relations enfant/ parents, ici entre une mère et une fille. Et enfin c'est un ouvrage original du fait que les hommes sont peu présents, quasi inexistants, ce qui est plutôt rare en littérature. |