En ces temps caniculaires, quoi de mieux que de faire le choix d’aller se rafraîchir dans les contrées bretonnes le temps d’un thriller. Et oui, il existe bien des thrillers bretons, et de bonne facture pour ne rien gâcher. Seul avec la nuit, de Christian Blanchard, publié aux éditions Belfond en est le parfait exemple.
Christian Blanchard vit en Bretagne. Il a travaillé durant vingt-cinq ans au sein d’une institution publique avant de se consacrer à l’écriture. Il s’est fait remarquer l’an dernier avec la parution de deux ouvrages, Iboga et La mer qui prend l’homme.
Pour tout vous avouer, l’histoire de son nouveau roman ne se situe pas seulement en Bretagne. Elle nous mène aussi vers la capitale et dans le sud de la France. Trois histoires donc, sur trois lieu différents qui vont se croiser et se confronter.
Brest. Une ancienne gare de triage. Némo vit dans un wagon abandonné. Un matin, il recueille une jeune fille d’à peine quatorze ans, qui s’apprêtait à sauter dans le vide au passage du prochain train. Muette, elle a une grande cicatrice dans le dos.
Paris. Le chirurgien Gilles Patrick ne dort plus. Un groupe d’hommes le persécute, ainsi que sa famille, l’obligeant à opérer de jeunes patients pourtant parfaitement sains.
Nice. Atteinte d’une grave maladie, la jeune Elodie doit subir une dialyse tous les jours, sans espoir d’obtenir un nouveau rein. Ses parents ont pourtant l’intention de tout tenter pour sauver leur fille unique. Son père a entendu parler de réseaux parallèles de donneurs volontaires.
C’est de nouveau un livre qui nous remue les tripes que nous propose Christian Blanchard, un livre très noir qui explore le trafic d’organes et la mendicité organisée des enfants. Cette exploration est particulièrement violente, l’auteur n’hésitant pas à nous décrire les horreurs qui existent autour des migrants (la jeune fille à Brest est une migrante) et du trafic d’organes.
Seul avec la nuit est donc un roman sans concession qui montre comment les sociétés occidentales profitent de la misère existante sur d’autres continents pour organiser des trafics d’organes immondes pour s’enrichir. Il est en même temps un roman plutôt émouvant de par la présence de personnages attachants comme Némo qui prouve que le bonheur existe encore malgré les difficultés.
C’est enfin un livre qui fait beaucoup réfléchir, notamment autour du choix de payer pour obtenir un organe qui pourrait sauver la vie de son enfant. Serions-nous prêts à outrepasser les lois en achetant de façon illégale un organe pour sauver sa fille ? J’ai trouvé que l’auteur traitait de ce sujet de façon pertinente en nous décrivant toute la psychologie existante autour du receveur qui a parfois du mal à accepter un nouvel organe (en dehors des formes de rejets médicaux).
Bref, ce livre de Christian Blanchard s’avère donc être une très bonne lecture qui ne vous décevra pas. Un livre qui sonne vrai et juste sur la triste réalité de notre monde dans ce qu’elle a de plus terrible. |