Comédie dramatique de Nicole Sigal, mise en scène de Guillaume Vatan, avec Camille Favre-Bulle, Magali Bros, Mathias Marty et Rodolphe Couthouis. 225 000, c'est le chiffre de violences conjugales, physiques et/ou sexuelles commises chaque année contre les femmes, comme l'indique une voix off qui intervient au cours du spectacle.
Sur ce thème on ne peut plus actuel, Nicole Sigal a écrit une suite de scènes pour démonter le mécanisme de cette violence quotidienne banalisée au sein de couples de milieux totalement divers.
Dans d'une scénographie plutôt simple mais efficace, un grand tapis rectangulaire gris, des meubles de même couleur et un canapé, traversent les différents protagonistes aux costumes aux touches de rouge sang.
Un couple vieillissant dont l'homme a une maîtresse plus jeune. Il ne veut pas quitter sa femme, mais ne se gène pas pour la maltraiter verbalement et physiquement. Un gynécologue vedette culpabilise ses patientes en mal d'enfants jusqu'à les violenter etc... Les portraits sont terrifiants de réalisme.
La pièce bien documentée de Nicole Sigal(écrite en grande partie dans un centre d'accueil pour femmes battues) brosse avec un humour au vitriol et une pointe de cruauté un tableau implacable des violences faites au femmes, du cynisme et du machisme de certains hommes qui, d'après les chiffres, sont bien plus nombreux qu'on ne pourrait le penser.
La mise en scène précise et inspirée de Guillaume Vatan met en relief de façon frappante ces histoires de violences ordinaires monstrueuses et de féminicides, les teintant d'onirisme et augmentant crescendo la tension au fil du récit.
On assiste à une grande interprétation de Magali Bros. A la fois épouse maltraitée, femme flic ou narratrice de ce "225 000 (Femmes Kleenex)", la comédienne touche par sa présence et sa sincérité. Dans son monologue final, elle est absolument bouleversante.
Autour d'elle, les trois autres comédiens sont au diapason. Camille Favre-Bulle est saisissante dans tous ses personnages et apporte à la fois sa force et sa poésie.
Quant aux deux hommes, Mathias Marty et Rodolphe Couthouis, ils sont excellents. Aussi glaçants l'un que l'autre, ils composent des hommes veules, manipulateurs ou égocentriques qui font froid dans les dos.
Un spectacle très fort et absolument nécessaire.
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