Comédie dramatique de Viviane Point, mise en scène de Taïdir Ouazine, avec Eloïse Auria, Catherine Aymerie, Julien Favart, François Macherey et le musicien et Stéphane Scott.
Années 80. En stage aux archives de la Préfecture de Police pour classer les fiches de l'Union générale des Juifs de France (UGIF), Louise, jeune boursière tombe sur des demandes de loyers impayés de juifs déportés.
Ces fiches la renvoient au syndic Jouveau. Elle s'y rend mais quelque chose semble étrange. En enquêtant, la jeune femme va mettre le doigt sur une affaire aussi sordide que complexe.
Viviane Point avec "Le Dossier Jouveau" a écrit une intrigue haletante tirée de faits réels qui captive jusqu'à la dernière réplique. Son écriture fait de plus, dans les premières scènes, entendre les pensées des personnages avec un bel humour. C'est original, vif et finement construit.
Taïdir Ouazine en propose une mise en scène très intéressante (et fluide) où les fantômes semblent environner les personnages au cours de cette enquête qui révèle, au fur et à mesure, de terribles secrets enfouis. "Le Dossier Jouveau" traite avec juste le bon dosage de comédie et de drame d'un sujet grave et poignant.
Hormis une immense étagère pour symboliser les archives de la préfecture, la scénographie de Sébastien Puech est plutôt simple mais ingénieuse : des lignes blanches au sol qui découpent l'espace en se croisant et délimitent des espaces où les personnages évoluent. Il ne reste plus alors au spectateur qu'à imaginer le décor correspondant.
Les lignes sont aussi autant de séparation entre les personnages : (Louise et la conservatrice, Louise et Pierre, Pierre et son père...) La présence d'un musicien à l'avant-scène (Stéphane Scott, parfait) qui illustre autant qu'il la bruite l'histoire, créant une mystérieuse atmosphère ajoute beaucoup à la tension de l'ensemble.
Quant aux comédiens, ils sont tous épatants. Eloïse Auria est une Louise idéale qu'on suit avec une réelle empathie. Catherine Aymerie apporte de son côté à ce suspens une touche de cocasserie avec deux personnages hilarants.
Julien Favart, solaire, apporte sa fantaisie et son aisance à un personnage touchant, François Macherey s'avère glaçant dans le rôle du père qui semble porter son fardeau avec lui.
Une histoire totalement prenante et une formidable équipe de comédiens pour une superbe réussite. |