C’est toujours un immense plaisir que celui de retrouver un nouveau livre de Jean-Paul Dubois. Cet auteur français, au talent pas assez reconnu à mon avis, fait partie de mes auteurs français favoris. Ses livres me procurent à chaque fois un plaisir de lecture particulier, son style inimitable et son talent pour les récits se retrouvent de nouveau dans son dernier ouvrage au titre interminable.
Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon s’avère être l’un des plus beaux livres de Jean-Paul Dubois. On y découvre un écrivain qu’animent le sens aigu de la fraternité et un sentiment de révolte à l’égard de toutes les formes d’injustice.
Paul Hansen est le personnage principal du roman. Cela fait deux ans qu’il purge sa peine dans la prison provinciale de Montréal. Il y partage une cellule avec Horton, un Hells Angel incarcéré pour meurtre. On ne sait pas vraiment pourquoi Hansen est un prison et on le saura seulement à la fin du roman.
A vrai dire, rien ne le prédestinait à se retrouver au fond d’une cellule aux côtés d’un meurtrier. Avant sa détention, Hansen était surintendant à l’Excelsior, une très grande résidence où il déployait ses talents de concierge, de gardien, de factotum, de réparateur des âmes mais aussi de consolateurs des affligés.
Lorsqu’il n’est pas occupé à venir en aide aux habitants de cette résidence ou à entretenir les bâtiments, il rejoint Winona, son épouse indienne. Aux commandes de son aéroplane, elle l’emmène en plein ciel, au niveau des nuages. Mais bientôt, tout change. Un nouveau gérant arrive à l’Excelsior et des conflits éclatent. L’inévitable se produit alors.
Pour nous emmener délicatement jusqu'à la raison de son enfermement, Hansen nous fait remonter page après page le déroulé de son histoire en alternance avec ses conditions de vie en prison et sa relation avec son codétenu. On s’éloigne alors de Montréal, partant vers Toulouse, ville d'où est originaire Hansen. On découvre sa mère qui tenait un cinéma à l'évolution particulière, mais aussi son père, un pasteur originaire du Danemark. Hansen nous raconte aussi son exil vers le Canada, sa rencontre avec Winona qui deviendra sa femme.
Une fois encore, Jean-Paul Dubois déploie son formidable talent pour nous raconter des histoires, des instants de vies et des souvenirs avec en toile de fond l’élection de Barack Obama (Hansen se retrouve incarcéré le jour de son élection). L'auteur s'appuie sur sa plume toujours tendre et drôle à la fois pour nous servir un ouvrage rempli d'amour, celui d'un fils pour son père et sa mère, celui d'un homme pour sa femme mais aussi l'amour d'un maître pour son chien.
Et petit à petit, on découvre ce qui peut mener un être humain serviable à commettre l'irréparable, un être humain révolté qui ne peut se résoudre à l'injustice. Comme toujours, le récit est d'une très belle fluidité, construit autour de personnages attachants qui nous font passer par toutes les émotions.
Alors foncez, Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon fait partie de ces livres de la rentrée littéraire qu'il faut absolument lire. Un livre au charme fou que vous n’êtes pas prêts d'oublier. |