Comédie dramatique écrite et mise en scène par Samuel Valensi, avec Brice Borg, Michel Derville, Paul-Eloi Forget, Valérie Moinet, Alexandre Molitor, Maxime Vervonck?? et Emmanuel Lemire (en alternance François-Xavier Pha).
En concevant "Melone Blu", qu'il a écrit et mis en scène, Samuel Valensi a eu l'ambition de raconter l'histoire du capitalisme, de l'ère industrielle triomphante d'hier à l'ère post-industrielle inquiétante d'aujourd'hui.
Ambition d'autant plus grande, qu'il a voulu aussi en faire un conte écologique embrassant la catastrophe à venir, celle de l'épuisement des ressources, de la chute des bourses et d'une décroissance synonyme pour les plus pessimistes de retour des fléaux d'antan, faim et obscurantisme, voire de disparition de la race humaine.
Samuel Valensi a pris comme métaphore l'histoire d'un pêcheur, Felice Verduro, qui découvre une île où pousse le "melon bleu", un fruit fabuleux aux vertus nombreuses qui va transformer l'histoire de la famille Verduro, des gens de la région et même du monde.
De pêcheurs, les Verduro, dont l'aîné s'appelle à chaque génération Felice, vont devenir entrepreneurs. Des entrepreneurs emportés irrémédiablement vers le capitalisme si dématérialisé qu'il en oublie son essence, à savoir ce fruit bleu. Quand la production de celui-ci, trop exploité sur des terres fragilisées, se met à décliner, les derniers Verduro s'interrogent.
Dans un décor de bois de Julie Mahieu qu'il a voulu totalement recyclable, comme les costumes en matières dégradables de Sabine Schlemmer, Samuel Valensi fait se succéder plusieurs tableaux correspondant aux différentes phases de l'histoire économique du "Melone Blu". On y retrouve les mêmes acteurs toujours concentrés et concernés jouant des personnages différents.
C'est parfois un peu compliqué de s'y reconnaître, rançon d'un projet qui voit très grand. Samuel Valensi, tout jeune auteur, a peut-être vu trop grand, au risque d'être parfois confus et surtout d'être contraint quelquefois d'être trop didactique. Sans doute, devra-t-il élaguer, oser quelques ellipses pour que l'intérêt du spectateur ne faiblisse pas dans les derniers tableaux.
Malgré tout, il faut saluer l'envie d'un nouvel auteur qui pose sur scène des questions vraiment contemporaines et qui ne se contente pas de simplement les illustrer.
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