Jour 2 : La prog parfaite ?
On arrive sur le site du festival alors que Namdose termine tranquillement un set par terre, entouré d'un public déjà conquis. Notre truc à nous, c'est de commencer aujourd'hui avec les Puts Marie. Mais depuis le temps qu'on les suit, eux et leur incroyable fatras de styles, eux et leur posture toujours un peu "à côté", on ne peut pas vraiment être objective. L'intérêt de ce groupe est celui qu'il suscite : pas vraiment de public au départ, un auditoire fasciné à la fin. L'aura de Maxu Usata fait le reste... Un concert d'une rare beauté et d'une profondeur brute – comme à chaque fois.
Immédiatement après, le groupe Yak apparaît donc bien jeune, même si le rock dispensé s'écoute sans haussement d'épaules ni moue désapprobatrice. On déserte assez vite, en s'en voulant un peu de ne pas réussir à aduler un groupe réputé pour être excellent.
Onde de choc : Slaves, ne varietur, propose un set fait de muscles, de sueur et de rythme binaire. Le duo n'a besoin ni de faire ses preuves, ni d'attendre son public, déjanté, bondissant, avide d'un show sauvage et cathartique fait d'éructations et de provocations. Une heure plus tard, les Inspector Cluzo en feront d'ailleurs leurs choux gras, en critiquant sans filtre la musique du duo anglais, pas à leur goût, vraisemblablement.
La petite scène n'a pas de crash barrière : qu'importe, on se faufile parmi un public serré et motivé, prêt à en découdre. On s'en sortira avec des crachats dans les cheveux, quelques bleus, une incartade musclée et une photo – ceci dit, et malheureusement, on ne nous y reprendra pas tant les conditions pour les photos sont impossibles. Pas de doute, le public de Lysistrata n'a rien de jeunes filles en fleurs, et ne fait pas honte à ces as du rock, increvables, habités, furieux, qui auraient mérité une scène à la mesure de leur talent.
Les Gogol Bordello appartiennent à ce genre un peu festif brouillon, festif enragé, qui encourage n'importe qui à faire n'importe quoi. Un bordel innommable règne sur une scène qui paraît bien trop petite pour leur délire "gypsy" et on se prend assez facilement au jeu du spectaculaire, des paillettes et des grimaces – même si on ne nage pas dans les mêmes eaux musicales...
C'est à ce moment de la soirée, quand un petit intermède de calme permet d'apprécier le cadre et le moment, qu'on se rend compte combien le Check-In Party nous permet d'apprécier tous les concerts, en intégralité. Trois scènes, certes, mais jamais de groupes en simultané : non seulement la programmation est excellente, mais en plus, on peut ne pas en rater une miette. Confort rare et applaudi.
Pour la troisième fois en trois mois, The Psychotic Monks croisent de nouveau ma route. Si le début du set est excellent grâce à cette intensité révoltée dont ils ont seuls le secret, c'est à partir du moment où Arthur Dussaux, chanteur et guitariste, décide inopinément de sauter de la scène, d'aller dans le public, d'errer dans la fosse parmi trois hommes de la sécurité stupéfaits et impuissants, que quelque chose se passe qui donnera à ce concert l'impression d'un avant parfait et d'un après bricolé. Ne réussissant pas à remonter sur la scène, trop haute, c'est finalement un élan désespéré qui permettra au morceau de se finir. Le reste sera instrumental, très "noisy", très sombre – mais un peu décevant.
On finira notre soirée avec Foals, qui, au contraire, a choisi pour ce set une tonalité très pop, légère et rosée. Les tubes s'enchaînent, de "In Degrees" à "Olympic Airways" en passant par "What Went Down" et "Spanish Sahara". Yannis Philippakis assume parfaitement son rôle de leader charismatique, porté par le public et par des riffs totalement maîtrisés.
On ne cherchera pas l'aiguille dans la botte de foin, ni l'erreur ou la faiblesse dans cette deuxième journée de festival : le site est impeccable, le soleil tape sans sourciller, les bénévoles ont le sourire, les festivaliers que je rencontre sont aussi sympas que fous de musique, le cashless fonctionne à merveille, les concerts sont excellents, bref, même si l'on avait l'âme flagorneuse, on ne pourrait pas rêver mieux.
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