"A l'aide d'une voix de fausset qui en copiant le timbre féminin se trouvait en rapport avec sa robe et sa perruque, Talou exécuta l'Aubade de Daricelli, morceau à vocaliser des plus périlleux". Impressions d’Afrique, Raymond Roussel

Tout comme le roman de Raymond Roussel, ce disque est un peu plus qu’une invitation aux couleurs de l’Afrique, c’est aussi un laboratoire d’expérimentation musicale. Une rencontre entre des musiciens, entre un griot malien et un quatuor à cordes. Mais la musique a cela d’extraordinaire qu’elle ne connaît pas de frontières, qu’elle se nourrit de l’autre. Et c’est totalement le cas dans ce Impressions d’Afrique divisé en trois suites : Solos et pièces franco-mandingues de Moriba Koïta, White Man Sleeps de Kevin Volans et Impressions d’Afrique de Frédéric Aurier.

Le partage est au centre de ce disque tout autant que les jeux de miroirs entre techniques, modes de jeux, écriture européenne et africaine.

White Man Sleeps de Kevin Volans en est un parfait exemple en introduisant dans un process musical européen des aspects rythmiques et harmoniques des musiques africaines (les motifs irréguliers, l'harmonie non fonctionnelle, les temps forts décalés, les motifs répétitifs…). Impressions d’Afrique de Frédéric Aurier se rapproche d’une relecture, d’une transcription pour quatuor à cordes de traditions musicales d’Afrique centrale. Il faut absolument se laisser à l’abandon dans la première suite, comme une ronde apaisante (mélodies traditionnellement utilisées à des fins curatives).

Écoutées à la suite les différentes pièces semblent se mêler, former un tout cohérent où les danses de Kevin Volans répondent aux airs traditionnels de Moriba Koïta et aux lignes de Frédéric Aurier.

Nous fermons les yeux. Les cordes, les timbres se mélangent, s’unissent pour ne faire plus qu’un, tout un éventail de dynamiques rythmiques et harmoniques se met en place et nous, nous partons ailleurs.