Spectacle conçu et mis en scène par Dominique Scheer-Hazemann, avec Yvette Caldas, Milena Marinelli et Stéphanie Mathieu.
C'est dans le salon d'une maison close que deux femmes, une brune dans l'âge mure (Yvette Caldas) et une plus jeune en tenue de travail (Milena Marinelli) parlent de leur condition de prostituées.
On est en 1944, les Allemands sont en train de fuir Paris et ce lieu de "plaisir" est vide. C'est alors qu'une grande femme blonde (Stéphanie Mathieu) rejoint les deux filles. On va vite découvrir qu'il s'agit de Marthe Richard et que la prostituée brune, dénommée également Marthe, n'est autre que son double, puisqu'elle fut elle-même victime d'un proxénète.
Il y a quelques années, Dominique Scheer-Hazemann avait déjà consacré un spectacle à Marthe Richard, intitulé "De Marthe à Richard". Contrairement à "La Veuve Champagne", le personnage de l'espionne-aviatrice devenue "La Veuve qui Clôt" pour avoir fait fermer les maisons closes à la Libération, n'intervenait pas dans ce montage de textes.
Cette fois-ci, Marthe, l'ancienne prostituée devenue conseillère municipale de Paris, est là et bien là. Elle discute du métier qu'elle a exercé et de ce qu'elle est devenue sans que, pour une fois, aucune voix s'élève pour l'accuser de mythomanie ou de mensonge.
Elle n'est plus la femme controversée parce qu'elle est une des premières à avoir cherché à s'émanciper et à faire de la politique, quand le vote s'est ouvert à la gente féminine. Elle se raconte avec autant de sincérité que les deux autres femmes de la pièce de Dominique Scheer-Hazemann.
Particulièrement réussies sont les chansons de Didier Bailly, surtout interprétées par Milena Marinelli et les chorégraphies inventives et minimales de Catherine Arondel ajoutent une touche élégante à ce spectacle plaisant.
Si Dominique Scheer-Hazemann ne tranche pas définitivement sur le personnage ambigu de Marthe Richard, elle lui accorde cependant un préjugé féminin favorable. Elle ne cache pas pourtant que la fermeture des "maisons" n'a pas rendu meilleur le sort des prostituées et rêve d'un monde où le plus vieux métier du monde ne rimerait plus avec exploitation de la femme par les hommes.
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