Monologue dramatique d'après le roman éponyme de Joseph Joffo interprété par James Groguelin dans une mise en scène de Stéphane Daurat. Joseph Joffo, qui, fort d'une tradition familiale, fut "le roi des coiffeurs", s'était reconverti dans l'écriture et connut un beau succès de librairie en 1973 avec son premier opus "Un sac de billes", roman autobiographique inscrit dans le registre mémoriel et le genre du roman d'éducation par lequel il faisait le récit de sa fuite vers la zone libre pendant la Seconde guerre mondiale.
En 1942, il est encore un petit garçon parisien insouciant qui joue aux billes et heureux au sein d'une famille juive quand intervient le port obligatoire de l'étoile jaune et troque la sienne pour un sac de billes. Après le départ de ses deux grands frères pour Nice, c'est à son tour de traverser la France avec son aîné Maurice pour les retrouver et passer en zone libre.
Seuls tous deux pour un voyage de tous les dangers qui mettra fin brutalement à leur enfance. Mais dans les épisodes dramatiques, ils ont de la chance grâce à la débrouillardise précoce de Maurice et à la rencontre d'adultes bienveillants qui leur éviteront le pire.
Freddy Viau en signe la transposition théâtrale, avec une partition pour un comédien sous forme d'un récit comportant des incises dialoguées, portée par la mise en scène de Stéphane Daurat.
Celle-ci évite le pathétique, même si l'émotion reste présente, et se concentre sur un réalisme épique soutenu par la scénographie de Nicolas de Ferran, un décor de vieilles valises empilées comme accessoires de jeu, les lumières de Eric Schoenzetter et l'habillage sonore de Régis Delbroucq.
Barbu solidement planté dans ses godillots, James Groguelin rend crédible la parole et les expressions du jeune garçon sans verser dans le mimétisme enfantin et incarne, sans verser dans le numéro d'acteur, tous les autres personnages de cette histoire bouleversante par sa véracité humaniste. |