"The blighted potatoes have scatered ou neighbours. There’s some in the poorhouse, some gone overseas, and hundreds more buried below in the graveyard. May the Angels of Heaven put them at their ease".

Commandée par l’ensemble Alarm Will Sound, la "docu-cantate" en cinq mouvements The Hunger du compositeur irlandais Donnacha Dennehy parle du thème de la famine irlandaise survenue entre 1845 et 1852. Il aborde ce chapitre déchirant de l’histoire qui transforma irrémédiablement la société Irlandaise et entraîna la mort d'environ un million de personnes et l'émigration d'un autre million via les textes Annals of the Famine in Ireland de l’activiste Américaine Asenath Hatch Nicholson. Cette femme fut si touchée par les vagues d’immigrants arrivant à New York qu’elle fit le chemin inverse et se rendit en Irlande pour en raconter l’histoire et la souffrance.

The hunger a été créé en 2016 par l’ensemble Alarm Will Sound, avec la soprano Katherine Manley et le chanteur irlandais de style traditionnel "sean nós", Iarla Ó Lionáird, et est présenté en premier enregistrement mondial par le label Nonesuch. Deux voix, deux visions, une américaine, une irlandaise, deux esthétiques musicales qui se complètent d’abord pour s’unifier ensuite symbolisant le passage d’Asenath Hatch Nicholson du statut d’observatrice à celui de participante directe à l’aide humanitaire.

The Hunger se situe entre musique minimaliste et expressionisme, rappellera par certains côtés l’esthétique de John Adams, et par d’autres aspects celle de Gérard Grisey ou Tristan Murail. Les tonalités, les mélodies, les rythmes sont comme des plaques mouvantes, où les dissonances sont l’expression de l’anéantissement d’une population. Absolument saisissant !