Comédie dramatique de Falk Richter, mise en scène, de Patrice Bigel, avec Mara Bjeljac et Simon Cadranel.
Falk Richter est à cinquante ans l'un des dramaturges contemporains les plus joués dans le monde. On a pu ces dernières années découvrir des œuvres fortes, comme "A deux heures du matin" ou "Je suis Fassbinder".
Ce que propose Patrice Bigel, c'est un texte de "jeunesse" de l'auteur allemand, "Dieu est un DJ", datant de 1998. Contant la vie d'un couple moderne où l'homme est DJ et la femme une vedette de ce qu'on ne nomme pas encore la télé-réalité, Falk Richter est déjà le "chroniqueur" des maux de la société post-moderne.
Il en dénonce la vénalité, la superficialité déguisées en attitudes "cool". Au départ, le jeune homme et la jeune femme se présentent eux-mêmes sous leur meilleur visage. Ils sont jeunes, beaux, énergiques, sans tabous, prêts à dévorer une vie qui est en train de changer grâce aux technologies nouvelles.
Mais, tout cela s'avère peu à peu des slogans vides qui cachent une réalité moins rose, des intérêts bassement matérialistes et des pensées bien sordides, et un sacré manque d'amour.
Les deux comédiens mis en scène par Patrice Bigel sont très convaincants sur cette grande scène censée figurer un appartement filmé pour une forme de pré-télé-réalité.
Mara Bijeljac redevient une femme comme les autres quand elle se sait enceinte. Sa peur n'a d'égal que le cynisme masculin incarné par Simon Cadranel rattrapé par la "vraie vie" et les responsabilités qu'elle sous-entend.
Sans doute la pièce de Falk Richter n'a pas la densité de ses œuvres futures. Il décrit plus qu'il ne transfigure les choses. Il a aussi tendance à porter un regard moraliste sur ses personnages. Le manque d'empathie qu'il leur porte empêche le spectateur d'être totalement concerné par leur sort.
Reste un beau travail de Patrice Bigel et de ses comédiens pour donner sens et vie à ce texte trop austère pour le sujet qu'il veut traiter.
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