Le Grand Palais propose une rétrospective consacrée au peintre Henri de Toulouse-Lautrec intitulée "Toulouse-Lautrec - Résolument moderne" coproduite par la Réunion des Musées
Nationaux - Grand Palais et les Musées d’Orsay et
de l’Orangerie avec le soutien du Musée Toulouse-Lautrec d'Albi et le concours de la Bibliothèque nationale de France.
Conçue sous le commissariat de Stéphane Guégan, historien d'art et conseiller scientifique auprès de la Présidence de l’établissement public des Musées d’Orsay et de l’Orangerie, et Danièle Devynck, directrice du Musée Toulouse-Lautrec, elle entend réviser l'appréciation souvent réductrice de "peintre montmartrois" portée sur un artiste qui s’inscrit comme "un précurseur de mouvements d’avant-garde du 20ème siècle".
A cette fin, la monstration comporte deux centaines d'oeuvres, essentiellement graphiques avec à peine 70 huiles dont une trentaine sur toile, se déployant sur deux niveaux dans une scénographie "white cube" de Martin Michel.
La comédie humaine de Toulouse-Lautrec
Figure de la nuit parisienne du Paris de la Belle Epoque qui se divertit à Montmartre regorgeant de cabarets, theatres et cafés populaires dans lesquels vient s'encanailler le bourgeois, Toulouse-Lautrec qui fréquente le Divan japonais, le Moulin Rouge, le Moulin de la Galette, le cirque Fernando et le Grand Bouillon pour lesquels il crée des affiches.
Il traite des sujets montmartrois comme nombre de peintres qui transitèrent par le Bateau Lavoir mais fréquente également les lieux de divertissement des quartiers de l’Opéra et de la Madeleine, leurs théâtres dont le théâtre Libre et le fameux Nouveau Cirque de la rue Saint-Honoré.
Le spectacle est tant sur scène que dans la salle pour lequel il pratique un réalisme sans concession qualifié d'expressif.
Pour capter la réalité des corps et des âmes avec sagacité tant dans le genre du portrait que celui de la scène de genre dans une approche picturale similaire à celle littéraire de Balzac dans son grand oeuvre.
Au fil de la déambulation, se révèle l'art du portraitiste dont l'acuité psychologique se manifeste tant par l'expressivité des traits que par l'adaptation de la technique au modèle avec un contraste chromatique jusqu'à l'épure avec l'art de la silhouette en quelques lignes et des accessoires signifiants tels les gants noirs d'Yvette Guilbert, comme sur son portrait retenu pour l'affiche, et le chapeau et l'écharpe rouge d'Aristide Bruant.
L'art de Toulouse-Lautrec qui tient à la maitrise de la composition, à la simplification plastique de la ligne par intégration de l'esthétique du japonisme notamment dans son oeuvre lithographique, et à l'esthétique de l'inachevé, se déploie dans deux genres picturaux, le portrait et la scène de genre.
Même s'il peint des hommes, les "boulevardiers", son registre de prédilection est celui de la figure féminine avec une fascination pour la femme rousse, telle Camille Gaudin qui fut son modèle.
Ce tropisme féminin concerne tant les dames de la bonne société que les femmes plébéiennes au corps las et lourd de lassitude, femme honnête comme la blanchisseuse ou prostituée en maison close.
Ce qui
tranche avec le corps délié des chanteuses, danseuses et actrices saisies dans leur prestation endiablée telle La Goulue, la vedette du "chahut" du Moulin Rouge, pour laquelle il réalisera les deux panneaux
destinés à orner la façade de sa baraque de foire quand elle s'installera à son compte.
Car Lautrec est le peintre du mouvement. A la frénésie des artistes de music-hall correspond les contorsions du corps circassiens des trapézistes et funambules officiant sur la piste.
Et le spectacle est aussi dans la rue, le café et la salle de spectacle elle-même qu'il immortalise avec les scènes de "badauderie" du spectateur et les scènes de la vie quotidienne du café à la maison close.
A ne pas rater la série intitulée "Elles" composée de lithographies sur le sujet de la femme dans son intimité et le prêt exceptionnel le grand nu de "La Grosse Maria".
Enfin, outre les conférences dédiées, sont proposés deux spectacles le 24 novembre 2019, "Lautrexperience", un entresort musical créé par Serge Hureau et Olivier Hussenet du Hall de la chanson, et le 26 janvier 2020, "Le Scandale de La Gitane", un duo danse-récit chorégraphié par Caroline Marcadé.
Crédits photos : MM
avec l'aimable autorisation de la RMN-Grand Palais
MM
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