Le Musée national Picasso propose avec "Picasso - Tableaux magiques" une monstration consacrée à une période picassienne relativement méconnue, celle des années 1926-1930, caractérisée par une production stakhanoviste de tableaux qualifiés "magiques" par l’éditeur et critique d'art Christian Zervos dans un article de sa revue Cahiers d’art.
Les commissaires Emilie Bouvard, conservatrice du patrimoine au Musée national Picasso-Paris, Marilyn McCully, historienne de l’art, commissaire d’exposition et Michael Raeburn, écrivain, éditeur et commissaire d’exposition, ont réussi la réunion inédite de ce corpus d'oeuvres aux caractéristiques plastiques et thématiques communes déployées dans un parcours thématico-réflexif.
Picasso magique : Variations plastiques sur thèmes connus Poursuivant son exploration de la destructuration cubiste, Picasso développe un travail en série dans le registre figuratif avec une peinture bidimensionnelle affranchie de la règle picturale classique de la perspective. Et si Picasso retravaille les sujets de l'arlequin et du peintre et du modèle, la nature morte à la guitare et la scène de dévotion avec des dessins de crucifixions, l'essentiel ressort à la figure féminine par déclinaison de ses motifs récurrents que sont la femme assise, la baigneuse, le sommeil et le baiser.
Le féminin est représenté de trois manières différentes, le corps, le buste et la tête, et selon deux variantes chromatiques, le monochrome cubiste de teintes sourdes notamment en camaïeu gris, avec le sujet délimité au trait noir, et les aplats géométriques de couleurs vives. Les têtes triangulaires se présentent bouche agressivement ouverte, dents visibles parfois acérées et seul le sommeil apaise les traits en ligne courbe et bouche close et les bustes comportent en arrière-plan un fauteuil ou des références au peintre, un cadre, un tableau ou l'atelier.
La monstration comporte un focus statuaire avec les maquettes de sculptures en fil de fer conçues par Picasso pendant cette période en résonance avec les mêmes thèmes, et résultant de la collaboration avec son ami le sculpteur espagnol Julio González.
Une exposition pointue qui bénéficie de nombreux cartels didactiques bienvenus pour le visiteur néophyte.
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