Monologues écrits et mis en scène par Régis De Martrin-Donos interprétés par Fernanda Barth. Dans "Des Femmes", Régis De Martrin-Donos (l’auteur) s’attèle à la difficile gageure de capturer l’essence de la féminité au travers d’un kaléidoscope de portraits de femmes toutes plus différentes les unes que les autres.
En effet, quel peut bien être le point commun entre la bergère du Moyen-Age, femme enfant accusée de sorcellerie, la meneuse de revue aux répliques truculentes, la femme au foyer au bord de la crise de nerf, la prostituée qui appelle une chatte une chatte, la journaliste qui cérébralise autant la cigarette que le féminisme, la femme préhistorique qui s’essaye à l’art du fond de sa caverne, la génisse mettant bas à même le sol ou encore l’adolescente revêche idolâtrant Dalida derrière les portes bien closes de sa chambre ?
Fernanda Barth interprète tour à tour toutes ces femmes, dans leur urgence de se dévoiler, de livrer leur version des choses, avec sincérité, humanité, beaucoup d’humour et une vivacité des plus réjouissante.
La comédienne libano-brésilienne irradie littéralement dans ce seul(e) en scène écrit tout spécialement pour elle à partir des témoignages de femmes (Beauvoir, Dalida, Barbara, Claudel…) qui la fascinent depuis toujours. L’imagination de Regis De Martrin-Donos a fait le reste.
Résulte de cette coopération une succession de témoignages, certains poignants comme celui de la petite sorcière sur le point d’aller au bûcher, d’autres troublants comme la prostituée espagnole donnant des conseils de tendresse autant que d’intimité, d’autres encore très drôles quand il s’agit par exemple du récit d’un meurtre manqué à la fourchette à écrevisse, onirique comme la scène de peinture murale sans parole, déroutant quand une divinité bovine se retrouve à enfanter dans la poussière, ou bien touchant lorsque la parole est donnée à Dalida, femme parmi les femmes dans l’imaginaire collectif.
La mise en scène de Régis De Martrin-Donos tout comme les très beaux jeux de lumières de Jennifer Montesantos sont au service de la comédienne lui permettant d’incarner charnellement ses personnages : jeux d’ombres troublants voire envoutants lors des scènes chantées et dansées, plateau dépouillé avec seulement un peu de terre au sol, un balai et quelques sceaux pour seuls accessoires et des changements de costumes à vue qui mettent en avant le corps de l’actrice.
Si le spectacle n’évite pas quelques clichés dont certains précités, et prend le parti de ne donner la parole qu’à la femme blanche occidentale, on ne peut que saluer sa force créative, sa fraîcheur, son authenticité et la très belle performance de Fernanda Barth qui porte le spectacle de bout en bout.
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