Fantaisie conçue par Giorgia Marchiori et Marcelo Guardiola, mise en scène de Marcelo Guardiola, avec Giorgia Marchiori, Marcelo Guardiola et Agathe Quelquejay accompagnés par le pianiste Pablo Murgier. Après "Les Pantomimes dansantes" dispensées dans le registre du Tango Théâtre, le tandem de Los Guardiola formé les comédiens-danseurs Giorgia Marchiori et Marcelo Guardiola proposent "Fêtes Galantes" qui se présente comme un spectacle tout aussi audacieux et inédit que pertinent.
En effet, conçu comme une fantaisie pour piano, poésie et pantomime dansante, le spectacle relève le défi de proposer une déclinaison scénique de l'intégralité des poèmes de Paul Verlaine composant le recueil "Fêtes Galantes" sur les thèmes de la comédie amoureuse et du caractère fragile et fugitif du sentiment amoureux.
Celle-ci ne s'inscrit pas dans l'effet de mode de la pluridisciplinarité d'autant que Verlaine, considéré comme le plus musicien des poètes ,pratique un art poétique par essence musical, d'où le mode mineur des opus des "Fêtes Galantes", une musicalité qui s'exprime tant dans certains titres - "Mandoline", "En sourdine" - que dans toutes les multiples variations prosodiques pour lesquels il convoque tous les instruments terrestres et célestes pour célébrer le voyage vers Cythère. Comme le théâtre et ses masques, en l'espèce ceux de Carlo D'Andreis et de l'Atelier Ca' Macana à Venise, la musique et de la danse sont les complices et les médiums du sentiment amoureux qui assaille les protagonistes, personnages de la commedia dell'arte ou du roman pastoral, notamment la coquette Colombine qui émoustille le lunaire et tendre Pierrot lunaire et succombe à l'Arlequin séducteur inconstant.
Et ces figures sont au coeur des toiles de Watteau, initiateur du genre pictural de la fête galante, qui ont inspiré Verlaine. Ainsi la boucle est-elle bouclée pour ces divertissements qui s'ouvrent au "Clair de lune" sur la suite bergamasque éponyme de Claude Debussy, moment propice à tous les rêves et jeux de l'amour mais connaissent un épilogue douloureux avec les spectres du "Colloque sentimental".
En tenue masculine de la fin du 19ème siècle, frac et chapeau claque, la comédienne Agathe Quelquejay campe le poète dont elle porte et délivre admirablement les mots et Pablo Murgier a composé, et dispense au piano, une partition musicale originale en parfaite adéquation stylistique avec la couleur de chacune des stances verlainiennes.
A la danse, et avec leur marque de fabrique, l'hybridation de la commedia dell'arte, de la pantomime dansée et du jeu d'acteur du cinéma muet, Los Guardiola officient sur les chorégraphies élaborées par Giorgia Marchiori qu'elle interprète avec Marcelo Guardiola qui, dans sa mise en scène, assure l'équilibre et l'harmonie de l'ensemble. Cette belle et maîtrisée conjonction de talents concourt à la réussite de ce divertissement qui aurait pu animer les salons artistiques de la mondanité proustienne. |