Trois ans après l’excellent Empire of Shame, Frustration est de retour avec un nouvel album intitulé So cold streams composé de 9 morceaux solides et puissants. Le groupe punk francilien franchit même avec ce cinquième disque une nouvelle étape en élargissant subtilement sa musique tout en conservant les fondamentaux. En un mot, ce disque est une réussite !
En ouverture, après un instant de doute sur le bon fonctionnement de la platine vinyle (ça saute ?), une batterie martiale se met à l’œuvre pour un titre relevant beaucoup plus du rock indu que du post-punk habituel du groupe. On revient toutefois en terrain connu avec le second titre, "Pulse", et ses riffs tranchants.
Jason Williamson du duo mancunien Sleaford Mods est présent sur le titre suivant "Slave markets" avec son débit vocal désabusé sur une sonorité légèrement orientale. Attention, il ne s’agit pas d’un simple featuring. Le groupe explique que cette rencontre a joué un rôle important dans leur orientation musicale. C’est certain et d’ailleurs on le ressent sur le chant et plus particulièrement sur le final de "Pepper spray". Si on retrouve le chant grave et profond de Fabrice Gilbert inspiré de Ian Curtis, il se fait aussi beaucoup plus varié notamment sur le titre pop très Smiths "Lil' White Sister".
Sur les nouveautés, on peut également signaler une présence un peu plus intense des synthés notamment sur "Some friends", titre magistral de post-punk synthétique, limite dansant ou sur l’intro synthétique de "When does a banknote starts to burn".
Le groupe fait même pour la première fois sur un LP une incursion vers la langue française ("Brume" et "Le grand soir") et ça ne dénote en rien avec les autres titres. L’album se clôture d’ailleurs sur ces paroles : "J’attends le grand soir". On pense à cet égard au film du même nom du duo Delépine-Kervern sur les oubliés du capitalisme.
Comme d’habitude, la pochette est une œuvre de l’artiste Baldo. Il ne s’agit pas d’une création originale comme pour le précédent disque mais d’une reproduction d’une toile déjà existante intitulée "Sur la route". On y retrouve l’attachement de l’artiste pour le milieu prolétarien à travers des ouvriers faisant le bitume d’une route au milieu d’un chant de blé.
Malheureusement, l’actualité la plus récente a ramené Frustation à cette urgence sociale et politique. Ainsi, concomitamment à la sortie du disque, la mairie de Saint-Ouen a procédé à l‘expulsion de Mains d’Oeuvres, structure culturelle associative qui servait de lieu de résidence au groupe ainsi qu’à plein d’autres artistes.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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