Seul en scène conçu et interprété par Philippe Caubère.
Pas la peine de faire des circonvolutions : Philippe Caubère est immense. Avec "La Baleine et le camp naturiste", en 2 heures 15 (qui sont précisées sans entracte), les spectateurs fidèles aux aventures de Ferdinand Faure, alias Philippe Caubère, sont appelés à faire le début de leur deuil, puisqu'il s'agit là de la première partie (en deux contes) d'Adieu Ferdinand !". Le début de la fin pourrait-on dire. Mais une fin joyeuse puisqu'elle ajoute deux épisodes inédits à une histoire commencée en 1981 avec "La Danse du Diable" et poursuivie par "Le Bac 68", qu'on avait déjà pu révisé en 2016. Ici, Ferdinand fait d'abord la connaissance intime de la baleine blanche sous forme d'une actrice arabe en anorak et qui habite Barbès. Épopée fellinienne avec couscous trop cuit et l'inévitable Oum Kalsoum, "La Baleine" est un des récits les plus "énaurmes" de la saga faurienne. Totalement impolitiquement correct dans sa forme et son fond, ce cétacé ! Et cela sans 3D ni écran large pour quelques va-et-vient dantesques que le téléphone arabe portera jusqu'à Marseille et le Muezzin jusqu'au cœur d'Alger la Blanche. On rit grâce à un homme seul sur scène avec sa chaise qui tire le vrai de son imagination débordante et le faux de ses souvenirs d'avant le sida. As du mentir vrai, Caubère n'a point perdu de son art ni de sa truculence.On le redit, il est immense. Et lui, le reprouve dans le second conte, au titre explicite : "Le camp naturiste". Evidemment, on imagine de quoi il retourne. Mais il faudra d'abord que Ferdinand s'entasse dans une "Mini Austin" pour parvenir jusqu'au graal : un camp de naturiste près de Bordeaux où les nazis nus et partouzeurs fourbissent leur matériel à taille d'éléphant... et qui est d'ordinaire fréquenter, selon toujours ce bon Ferdinand, par une certaine Ariane, directrice d'une troupe à la lisière d'un célèbre bois parisien...
Pas la peine d'en dire beaucoup : là, Fellini se régalerait encore davantage dans l'excès d'images signifiantes, alors que les plus anciens qualifieraient ce sommet de l'écriture caubertienne de "farce hellzapopinesque" Jamais Philippe Caubère n'aura autant maîtrisé son sujet pour partir en vrille en jubilant. Parenthèse totale (et enchantée), "Le Camp de Naturistes" pourrait bien être le meilleur texte qu'il ait jamais écrit. Et cela parce qu'il use et abuse (avec l'accord de ses spectateurs) de sa liberté complète et ne respecte aucune des règles de bienséance littéraire établies par des petits marquis du 21ème siècle. On croirait que son texte appartient à une autre époque, bien loin de l'érotisme radoteur façon Houellebeq. Une époque où faire du camping était une aventure qui valait bien d'être transfigurée par Ferdinand Faure et sa petite troupe. Ce début de la fin laisse augurer une fin royale. |