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L'année du loup  (BMG Rights Management)  octobre 2019

Voilà une chronique bien étrange, bien difficile à écrire tant le disque nous interroge. Oui, l’enthousiasme provoqué à l’écoute de deux EP d’Alma Forrer nous invitait à y voir une future grande chanteuse folk, qui aurait pu prendre sa place aux côtés d’autres, non moins talentueuses de cette génération, Pauline Drand en tête. Nous étions tentés d’y déceler une sorte de versant féminin de Baptiste W. Hamon (avec qui d’ailleurs elle travaille fréquemment).

Et puis… une signature chez BMG semble avoir changé la donne : la voilà davantage du côté de Pomme que de Drand. Bon ; c’est bien aussi Pomme. Mais cette impression tenace de la voir transformée en un produit, en une image, en une figure féminine devant trouver sa place au milieu des Luciani, Clio, Armanet, Pomme and co est désagréable pour qui aimait Alma Forrer pour d’autres raisons.

L'argumentaire envoyé aux critiques insiste sur l’image à valoriser, sur le profil adjanien, un portrait de femme, entre romantisme à fleur de peau tendance fleur bleue et femme forte, tentatrice, séductrice, cela non sans un certain humour tout de même. Bon. Les chansons alternent d’ailleurs ces deux portraits.

Mais cet argumentaire ne dit que peu sur la musique : qui sont les musiciens ? Nous n’en saurons rien ; quelques informations tout de même : Ben Christopher à la réalisation, Thousand signe L’année du loup : ça c’est pour la presse indé ; Renan Luce sur deux morceaux  (dont le très beau "La raison de mon retard") ça c’est pour la presse plus "mainstream". Tout semble tellement calculé et la musique n’être pas la priorité de ces gens de la com ! Bon.

Et pour promo un premier single électro dream-pop accrocheur ("Conquistadors") quelque part entre un titre de Beach House rendu FM et Stéphanie de Monaco (ce n’est pas un défaut) avec en prime un clip aguicheur, mais non sans humour nous l’avons déjà mentionné. Bon.

Tout le projet semble en effet reposer sur la création d’un personnage ambivalent, entre femme romantique et femme forte, libertine, et musicalement tenter l’équilibre entre les folk / dark song réverbérées du début et des compositions électro dream-pop aux productions 80’s.

Nous voilà quelque peu circonspect, interdit, à la lisière du renoncement, tant le discours est marketé ; et ce jusqu’à la pochette (très très moyenne pour rester poli) jouant avec l’imaginaire iconico-publicitaire.

Mais ne renonçons pas ! Alma Forrer mérite mieux que cela et questionnons-nous : l’éthique critique, la mienne du moins, exige de ne pas considérer un disque du point de vue de ce que j’aurais aimé qu’il soit mais bien de ce qu’il est : ici un disque de major qui tente de concilier la Alma Forrer que nous aimons et une Alma Forrer différente, que finalement nous aimons bien aussi, mais différemment. L’année du loup est un disque conçu pour tenter le succès : cela ne le rend pas par principe indigne ou mauvais. C’est aussi ça la pop !

Nous aimons cette alternance entre folk moderne et chanson électro-pop, dans le mesure où les folk song finissent par l’emporter, numériquement et qualitativement.

Le disque s’ouvre sur ballade romantique un peu moyenne ("N’être que l’hiver") : "N’être que le crissement / n’être que l’hiver", d’une jeune femme au bord de l’abandon : "Prends mes lèvres / prends tout ce que tu veux".

Et en effet, la folk y est ici froide, non au sens de glacé ou distant mais au sens de l’hiver en tant que prolongement de l’automne, d’un hiver lumineux, ensoleillé mais où la nuit tombe vite. Toutes les folk song du disque sont des chanson d’hiver, nues, évidantes, dénudantes, dépouillées, où l’on marche avec Alma Forrer dans le froid sec qui saisit, vivifie, remet les idées en place et tente d’ordonner ou de clarifier la confusion des sentiments : les arpèges et nappes de claviers, la batterie grasse ("Tout n’est pas perdu", très beau refrain), le piano (superbe "La raison de mon retard"), les guitares réverbérées (la très réussie "Relève-toi") sont le crépitement d’un feu de cheminée au milieu d’un rude hiver, ensoleillé on l’a dit et la voix, très en avant, nous murmure, fragile, au seuil de l’évanouissement : "rappelle toi le jour où l’on ne s’est pas connus", "je cours sans direction jusqu’au son de ta voix", "dis-moi que tout n’est pas perdu".

"J’ai écouté parler les gens / des paroles portées par le vent / un couple se disait à l’oreille / des choses que tu ne dis plus pareilles / des mots tout simples, des mots jolis / faut croire que toi tu les oublies / c’est la raison de mon retard."

"Les enseignes parlent de toi".

"Un jour on décide de ne plus faire de souvenirs" "Je ne veux pas souffrir / je ne veux pas vieillir avec toi".

L’autre versant du disque, plus électro-pop , commence dès le deuxième titre avec le single "Conquistadors" qui nous narre le contraire d’une jeune femme au bord de l’abandon amoureux : une séductrice, un volcan, ayant le diable au corps. Dans cette même vaine, mais plus indie-pop on note le très bon "L’année du loup" et la chanson, moyenne, au souffle de liberté "120", dont la production mêle dream-pop  et électro 80’s : "ce qui compte c’est de tout claquer et de le faire super bien" (un brin cliché tout de même).

En conclusion donc :

Un disque qui s’avère inégal mais cohérent grâce à un remarquable travail de production : aérée, discrète, espacée. Il y a belle une profondeur sonore et le choix de mettre la voix très en avant s’avère pertinent (nous aurions pu craindre que cela colore le disque très variétoche).

Et il n’est jamais inintéressant d’être, en tant qu’auditeur, surpris, d’être forcé de sortir de "ce à quoi on s’attend", de sa zone de confort comme on dit. Surpris ? Nous l’avons été ; et après plusieurs écoutes, agréablement.

Bien sûr l’on peut légitimement, et nous l’avons fait, s’interroger sur la stratégie globale lorsque l’on sait d’où vient Alma Forrer, mais laissons de côté les choix de communication peu pertinents (et qui risque de freiner bon nombres de médias indé, sans pour autant intéresser les autres) et écoutons sa musique, car elle le mérite.

 

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La chronique de l'album Ne dis rien de Alma Forrer
La chronique de l'album Solstice EP de Alma Forrer
Alma Forrer en concert à L'international (mercredi 11 mai 2016)
L'interview de Alma Forrer (jeudi 29 octobre 2015)

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En savoir plus :
\r\n Le Bandcamp de Alma Forrer
\r\n Le Soundcloud de Alma Forrer
\r\n Le Facebook de Alma Forrer


Francois Montjosieu         
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Alma Forrer (29 octobre 2015)


# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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