Le Musée du Quai Branly prend le relais l'exposition "Helena Rubinstein - L'aventure de la beauté" initiée au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme la saison précédente qui relatait le parcours exceptionnel de celle qui allait devenir la pionnière mondiale des cosmétiques ainsi qu'une collectionneuse avertie de peinture moderne et d'objets des arts premiers.
Ainsi, sous le commissariat de Hélène Joubert, conservateur en chef et responsable de l'Unité patrimoniale des collections Afrique, la monstration "Helena Rubinstein - La collection de Madame" réunit une partie de sa collection d'arts extra-occidentaux, et principalement d'art africain, qui,selon sa volonté, a été vendue à sa mort.
Un florilège des pièces acquises à Paris au gré de sa fréquentation des cercles intellectuels du Tout Paris des Années folles et ses rencontres avec les collectionneurs d'avant-garde alors fascinés par le primitivisme est présentée dans une élégante scénographie de cimaises rose poudrée réalisée par le Studio Vaste rythmées par des photographies d'archives.
L'Impératrice de la beauté* face à la beauté première
Helena Rubinstein vivait au sein de sa collection installée dans son immeuble de l'Ile Saint-Louis, dans le salon africain naturellement mais également dans le salon de musique et notamment sur un immense mur-vitrine devant laquelle elle posait vnlontiers comme le montre les clichés d'époque.
Une collection qui, tout en étant placée sous le signe de l'éclectisme, des objets utilitaires aux oeuvres votives, révèle un tropisme pour les représentations féminines et les masques faciaux, la commissaire indiquant que la fascination de sa propriétaire pour les jeux de miroir et le masque "considéré comme un sur-visage, ou portrait choisi, et ses potentiels d'identification et de régénérescence", sujets au coeur de sa gamme de produits de beauté.
Ainsi, en regard des reliquaires anthropomorphes Kota du Gabon, qui étaient très prisés et dont le Musée du Quai Branly détient de nombreux exemplaires qui ont été montrés dans l'exposition "Les Forêts natales - Arts d'Afrique équatoriale atlantique", trône l'objet fétiche d'Helena Rubinstein, une marionnette féminine du Mali, nommée Yayoroba, incarnation de l’idéal physique et spirituel féminin.
Parmi les masques, s'avère singulier le masque-heaume à quatre faces du Gabon par sa composition avec quatre visage féminins inscrits dans une forme de coeur que et son registre de masque blanc.
La collection comportait également des chefs d'oeuvre rares telle la statue camerounaise de la reine Bangwa, prêtresse dansante procédant du culte de la terre, femme de dieu et archétype de la maternité, qui figure sur la photographie de Man Ray et devant laquelle pose la modèle et danseuse guadeloupéenne Adrienne Fidelin pour célébrer la beauté noire.
A ne pas rater, au rang de la singularité, le masque de protection au faciès perforé avec à la bouche tubulaire garnie de crins et le masque d'initiation féminin avec sa coiffe en fibres végétales tressées, tous deux ivoiriens, la pomme de canne de cultivateur en forme d'oiseaux du Burkina-Faso, ou de la rareté, telle la figurine féminine Mossi du Burkina-Faso à la construction stylisée en résonance avec les codes cubistes. |