Spectacle musical des Wriggles avec Stéphane Gourdon, Antoine Réjasse, Franck Zerbib, Emmanuel Urbanet et Fabien Marais. Formé en 1995, le groupe Les Wriggles s'est séparé en 2009... et reformé en 2018 avec un nouveau disque "Complètement Red" et un spectacle éponyme qui tourne en France depuis 2019.
Ils sont cinq, en survêtement tout rouge jusqu'à la capuche. Ceux qui les suivent depuis leurs débuts, et ils sont a priori un certain nombre, pourraient nommer ceux qui sont là depuis le début, ceux qui ont quitté le groupe puis sont revenus et ceux qui sont définitivement partis.
Si l'on écoute leurs disques, on ne sent pas les turbulences inhérentes à tout groupe. Au contraire, règnent dans chacun d'eux la même bonne humeur teintée parfois de cruauté (politique) ou de tendresse (poétique).
En allant les voir sur scène sans les connaître, on pourrait se demander si l'on va être ou non sensible à leurs charmes. Sans s'avancer, on affirmera que pour plus de 99 % des nouveaux-venus, il suffira d'un couplet et d'un refrain, voire pour les plus réfractaires d'une chanson entière, pour être conquis.
Entre "Les Frères Jacques" d'antan et "Chanson plus bifluorée" d'aujourd'hui, les cinq compères occupent avec aisance la scène et provoquent constamment les rires avec des textes toujours caustiques et incisifs, sans oublier une douce mélancolie avec d'autres textes joliment écrits dans la tradition d'une certaine chanson française rive gauche, comme "Les Cyprès".
Adeptes de la guitare acoustique ou du ukulélé, les Wriggles alternent les "pures" chansons et les chansons virant aux sketches comme "Bourguignon", une véritable épopée à la gloire de "Marmiton", ou "Grombi Greute" et ses zombies plus vrais que dans les films gore.
Les chansons interprétées, presque toutes tirées du CD "Complètement Red", s'agrègent harmonieusement avec les "tubes historiques" du groupe et les "fans" des Wriggles ne font pas la différence.
Sans doute les dernières-nées sont un peu plus en prise avec le monde actuel et en dénoncent gentiment les régressions. Ainsi, on n'oubliera pas le très explicite "Bye Bye le code du Travail". Pareillement, "Me lâche pas" est une chanson très réussie sur la peur de l'inéluctable vieillissement.
Riches en pépites inénarrables, "Complètement Red", le spectacle des Wriggles, n'est pas du tout daté. Au contraire, il sait relier des chansons qui peuvent avoir vingt-cinq ans d'âge aux chansons récentes sans que cela fasse tache. C'est là une des grandes forces du groupe : être à la fois intemporel et bien de son temps.
"Complètement Red" n'est pas un spectacle rétrospectif qui ferait le point sur un quart de siècle de carrière. C'est plutôt tout le contraire : il amorce, on le souhaite pour les Wriggles, un nouveau cycle de 25 ans aussi créatif et délirant que le premier.
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