Lecture musicale avec Jacques Bonnaffé et Theo Hakola. Une lecture avec le comédien Jacques Bonnaffé ne ressort jamais ni du conventionnel ni de l'anodin et quand sa fulminance élocutoire rencontre le folk-rock alternatif de Théo Hakola sur le thème du vampire, la lecture qualifiée de musicale tient de l'exercice performatif source d'une saisissante expérience pour l'auditoire.
Leur collaboration artistique concerne sur une des oeuvres emblématiques de la littérature dite gothique née Outre-Manche au 19ème siècle, le "Dracula" de Bram Stocker pour un spectacle créé à l'occasion de l'exposition "Vampires, de Dracula à Buffy" présentée à la Cinémathèque française.
Et ils présentent "une" et non pas "la" lecture de l'opus original, d'autant que celui-ci revêt la forme épistolaire pâtissant souvent de la transposition scénique.
A l'instar de l'intitulé, "Dracula, dans la veine de Bram Stocker", et nonobstant son jeu de mot, elle constitue une approche narrative subjective, et néanmoins fidèle, du périple transylvanien du protagoniste, le jeune clerc de notaire Jonathan Harker missionné auprès du comte Dracula pour organiser son séjour londonien, de la vampirisation de sa fiancée Mina et de son amie Lucy et de la lutte contre la porphyrie.
Jacques Bonnaffé déboule sur la scène quasiment plongée dans le noir hors un halo rouge, rouge sang bien évidemment, en éructant contre la mort, incarnation moderne du vampire sous les nappes sonores samplées par Theo Hakola.
Mais très vite, il se débarrasse de cet oripeau pour devenir un conteur démonstratif, presque agité qui contraste avec le musicien, grande silhouette élégante vêtue de noir, aux lents et silencieux déplacements de félin.
Et comme indiqué dans sa note d'intention, il n'y aura ni capes noires ni bougies, ni prothèse dentaire, quant à l’hémoglobine, elle est est dans la chanson de Theo Hakola dont les compositions délivrées avec sa voix grave et incantatoire pourraient être comparées à une fusion entre la noirceur envoûtante de Nick Cave et les rifs de Ry Cooder. Mais un moment halluciné allant crescendo jusqu'au combat final porté par un exceptionnel comédien. |