John Nelson, Orchestre Philharmonique de Strasbourg
Berlioz La Damnation de Faust
(Érato) novembre 2019
"Le style de Gérard était une lampe qui apportait la lumière dans les ténèbres de la pensée et du mot. Avec lui, l'allemand, sans rien perdre de sa couleur ni de sa profondeur, devenait français par la clarté." Théophile Gautier, notice sur Gérard de Nerval.
Pourquoi changer une équipe qui gagne quand elle marque autant les esprits ?
Il y a deux ans, John Nelson et l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg triomphaient avec une impressionnante interprétation des Troyens. Le chef d’orchestre et grand spécialiste de Berlioz récidive avec cette Damnation de Faust et garde les mêmes : l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg mais également Joyce DiDonato (Marguerite), Nicolas Courjal (Méphistophélès) et Michael Spyres (Faust). S'ajoute l’excellent Alexandre Duhamel dans le rôle de Brander.
Inspiré par la traduction de Gérard de Nerval du Faust de Goethe, Berlioz a composé en 1828, Huit scènes de Faust. Dix-huit ans plus tard, il se remet au travail sur cette œuvre qui est créée en version de concert le 6 décembre 1846 à l'Opéra-Comique de Paris. Ce fut un échec. Il faudra attendre la première mise en scène en 1893 pour que la Damnation rencontre le succès.
La Damnation de Faust est une œuvre hybride et étonnante qui ne ressemble à aucune autre : "légende dramatique" pour Berlioz, une sorte d’oratorio ou "d’opéra symphonique" où l'écriture orchestrale est très influencée par la musique allemande de l'époque. L’Allemagne (la littérature, la musique, les mythes) qui sera sûrement le déclencheur de la création de l’œuvre.
Faust, c’est Berlioz ou Berlioz, c’est Faust. Jusqu’à faire une relecture personnelle de la fin. En tout cas, il n’y a rien d’étonnant à ce que le compositeur Français se soit attaqué à cette œuvre si romantique.
Les interprètes se montrent impériaux. Sous la baguette experte de John Nelson, l’orchestre fait preuve d’ampleur, d’énergie, de cohésion, de rigueur, de contrastes et de subtilité. Le Coro Gulbenkian de Lisbonne et le chœur des petits Chanteurs de Strasbourg sont à l’unisson.
Joyce DiDonato, Nicolas Courjal, Michael Spyres et Alexandre Duhamel sont souverains et maîtrisent leurs partitions avec maestria. Et l’on pardonnera aisément quelques défauts de prononciation à Joyce DiDonato. Un enregistrement qui fera clairement date et s’inscrira dans le temps...
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