Le rêve et la terre, voilà un titre tout trouvé pour ce disque qui rassemble des œuvres de Claude Debussy (la Petite suite, le Prélude à l’après-midi d’un faune, les Danses pour harpe et cordes) et la Suite de ballet Estancia qui met en musique en termes énergiques et nostalgiques la vie rude des Gauchos nomades dans les plaines sauvages d'Argentine du compositeur argentin Alberto Ginastera. Le rêve et la terre avec presque un côté féminin chez Debussy et un côté masculin chez Ginastera.

L’ami de Debussy, le compositeur, organiste et chef d’orchestre Henri Büsser a orchestré la Petite suite, écrite à l'origine pour piano à quatre mains en 1889. Une "ingénieuse orchestration" qui met en relief l’esthétique debussyste.

Beaucoup d’élégance et de raffinement dans le Prélude à l’après-midi d’un faune, joué de manière à laisser les couleurs, les contrastes, les lignes mélodiques se mettre doucement en place. Une élégance que l’on retrouve dans les Danses pour harpe avec accompagnement d'orchestre d'instruments à cordes, créées en 1904.

Même si elle n’est pas inintéressante avec ces dynamiques (très bien mises en valeurs ici) rappelant Stravinsky ou Copland, la musique d’Alberto Ginastera (1916-1983) est clairement un ton en dessous de son homologue Français.

L’interprétation générale par le jeune et talentueux Orchestre de Lutétia emmené par le chef Alejandro Sandler est fine, pleine de contrastes et de reliefs. Un orchestre au répertoire éclectique (avec des œuvres de Mozart, Bach, Fauré, Tomasi, Franck, Bizet, Saint-Saëns, Vivaldi, Moussorgski, Tchaïkovski, Borodine, Ginastera, Marquez, Piazzolla, De Falla, Rodrigo, Dvorak, Glinka, Holst, Sibelius et même une collaboration avec Disney !) composé de musiciens diplômés des grands conservatoires européens et faisant également parti d’orchestres français renommés (Orchestre philharmonique de Radio France, Opéra de Paris, Les siècles). Bref, à découvrir !