Monologue dramatique écrit par Diastème et interprété par Frédéric Andrau dans une mise en scène de Diastème. Simon et Lucie c'est une longue histoire. Depuis "La Nuit du thermomètre" où encore enfants, se nouait entre eux une histoire d'amour tourmentée, Diastème la raconte avec style et sensibilité. Ses personnages sont un peu aussi les nôtres. On a pleuré de voir Simon se détruire dans "107 ans" et puis plus rien... Voilà que quinze ans après le deuxième volet, Simon revient donner de ses nouvelles. Il a été hospitalisé, interné et puis tout doucement s'est reconstruit. Et maintenant il se sent prêt. Par la magie des réseaux sociaux (Diastème a toujours été un auteur de son temps), il retrouve Lucie avec qui il rentre en contact sous un pseudonyme qui n'a rien d'anodin puis qu'il renvoie à l'amour souverain de Racine dans "Andromaque". Pour ce troisième épisode, Frédéric Andrau seul en scène, comme pour le précédent est un Simon apaisé et en même temps complétement déterminé, qui se confie à voix basse. Une nouvelle fois, cet exceptionnel comédien fait passer une multitude d'émotions par la grâce de son regard qui se remplit de mille images et de ses inflexions qui font sentir la souffrance qu'il a dû endurer. Il est grandiose. Diastème, après une période cinéma, revient avec ce spectacle tout en délicatesse, sans une once d'effets superflus et absolument sans racolage où, dirigé à la perfection, Frédéric Andrau, son interprète fétiche, happe littéralement le public avec douceur et son sourire désarmant. On retrouve ce style direct et au plus près des sensations des personnages qui touche au coeur du spectateur. Son écriture se teinte même parfois d'une touche de classicisme avec son texte sûrement le plus littéraire, un régal. Pour ce dernier opus, l'auteur-metteur en scène s'est entouré d'une équipe d'artistes de tout premier ordre. Outre l'exceptionnel comédien, le scénographie d'Albo Ho Van est d'une belle ingéniosité : une boîte en bois qui s'ouvre et se referme permettant de montrer l'ouverture au monde de Simon, comme son repli en cas d'angoisse. Eclairé par les lumières fines et précises de Stéphane Baquet qui produisent une ambiance tout à fait particulière, Emma de Caunes prête son visage à Emma, sublimement filmée et photographiée par Vanessa Filho. Enfin Cali, qui s'était inspiré de "107 ans" pour une de ses chansons, compose ici une musique d'une sobriété bouleversante qui confère à l'ensemble un surcroît d'émotion. "La Paix dans le monde" est un spectacle qui fait du bien, un spectacle rare qui parlera à chacun, tout en racontant merveilleusement les méandres de l'amour fou. L'amour avec un grand A. Ample, altruiste et absolu.
Une nouvelle fois, l'auteur de "La Nuit du thermomètre" et de "107 ans", avec les retrouvailles de ses personnages, cueille le spectateur en beauté. |