Dans la froidure de l’hiver naissant, mangeons des marrons glacés et réchauffons-nous les ouïes dans une salle de concert où la proximité rime avec l’amicalité.
D’abord, il y a ces Mr Bosseigne au swing espiègle. Ils sont trois, trois Bosseigne pour un moment de rock fifties inspirés de l’Inde. Ils sont une shiva à six bras avec une fraîcheur rock’n’roll tout droit sortie des placards. Ils filent des fourmis dans les pattes et détendent les zygomatiques de leur franche camaraderie sans prétention.
Leur rock familier vide la tête de ses pollutions syntaxiques, à en oublier son prénom suite à un glissement opportun. Un petit tour et c’est fini, nous laissant avec les guiboles qui démangent et l’âme enchantée.
Des trompettes mariachis, c’est la suite. Avec une certaine nonchalance, Theo Lawrence et sa bande de beaux gosses prennent place sur la scène. One two three c’est parti. Billy et son rock à bulles n’est pas loin, perfecto et gomina nous voilà, les cinq acolytes ne s’embarrassent pas de mots à blanc ni de palabres inutiles, ils foncent droit au cœur de la meule : le palpitant. Ils envoient une musique un brin old school, un peu tendance, entre Tarantino et la banane d’Elvis.
La voix chaleureuse et le propos romantique, Theo Lawrence enchaîne les morceaux et attise l’ambiance d’un mélo crooner au vibrato incarné. From Bordeaux, il chante comme on fredonne. C’est d’une facilité déconcertante qu’il invoque le dieu blues du Sud sixties avec une moue malicieuse. Blues, rock du saloon, rouflaquettes et robe motif pied de poule sont de sortie.
N’est-ce pas qu’il sont énervants ces types qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent ? Mais pas lui, pas eux. L’autodidacte compositeur interprète Théo Lawrence et ses sbires ont le subtil avec eux et l’élégance en prime, c’est certainement grâce à ça qu’ils en ressortent sympathiques et talentueux.
Captivantes guitares aux prémisses du rock, avec ces frémissements électriques et ces résonances acoustiques, les morceaux font valser les cœurs à la Muddy Waters. Mais ce n’est pas tout, l’ensemble a de la folk dans ses tournures et de la séduction dans ses allures, option sweet memories et amour en vrac. Et ça fonctionne.
Forcément, on le croit ce Theo Lawrence quand il chante "Baby believe me, you bring out the worst in me", on le suit dans l’incandescent Prairie Fire des cœurs brisés, sans réfléchir. Theo Lawrence a le talent de rendre ses lettres de noblesse à l’insouciance et porte la désinvolture de la jeunesse dans ses compositions. Avec lui, vous traverserez plusieurs mers pour atteindre l’inaccessible étoile. Envoûtant je vous disais. "Come on back to my love" qu’il disait. Bouge pas, j’arrive. |