Auteur finlandais, Ville Ranta signe un roman graphique complètement décalé Comment le roi a perdu la tête.
C’est l’histoire d’une famille royale au XXIème siècle, surtout de son roi. Ses princesses adolescentes détestables de superficialité ne vivent que par et pour l’écran de leur téléphone portable, sa femme ne lui fait plus aucun effet et la grand-mère sèche dans le grenier. Pour couronner le tout, les dragons-taxis se moquent de lui et le château prend l’eau.
Ce roi se questionne sur le monde qui l’entoure, mais est-ce que tout le monde est devenu fou ? Sa maîtresse vêtue comme une bouffonne le rassure, oui, tout le monde est fou. Il est temps d’entreprendre une aventure un peu plus noble que la toiture. Le voilà donc parti à la quête d’un nouveau château en compagnie d’un pasteur libidineux complètement obsédé, sorte de pervers protestant à la langue pendante.
"Tu as raison seigneur, je t’accueillerai dans mon coeur, mais… mais pas encore… il faut d’abord que je répare un bout de mon toit".
D’un trait léger et fluide, Ville Ranta emmène le lecteur de péripéties en clins d’œil complices. Ses planches à l’aquarelle allègent le ton de l’histoire qui file droit dans la sphère du second degré, entre surréalisme et étonnement.
Dans le désordre, notre héros royal se dispute avec Dieu qu’il prend pour un marchand de tapis, terrasse un dragon, s’envoie en l’air avec la princesse aux cheveux interminables, et il perdra bien la tête à la fin de l’histoire, comme prévu. Vous croiserez aussi un chevalier un peu niais qui parle à son cheval, des douches froides excitantes, des dragons donneurs de leçons et un bébé dans une clarté magnifique.
Caricature des chansons de gestes et des princesses pas encore libérées délivrées, Comment le roi a perdu la tête se lit d’une traite, les yeux pétillants d’humour et le ricanement poussif à portée de pages. C’est frais et tellement loin de la monotonie qu’on en reprendrait bien une ou deux parts, juste pour le plaisir. |