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Paulo Rocha 

Réalisé par Paulo Rocha. Portugal. Drame. 1h25 (Sortie 1963). Avec Avec Isabel Ruth, Rui Gomes et Ruy Furtado.

Lisbonne a mille visages. Júlio ne les connaît pas encore tous : il vient d'arriver de sa campagne, il se perd dans cette drôle de ville, où un habitant compatissant accepte de le guider.

Chez lui, ce ne sera pas les beaux quartiers qui étalent leur opulence tranquille aux yeux de tous. Il vient loger chez son oncle, dans un petit appartement des faubourgs, un endroit décati à mi-chemin entre la ville et la campagne.

C'est d'ailleurs sur cet environnement que s'ouvre "Les Vertes Années" de Paulo Rocha. La caméra balaie les chemins poussiéreux qui sinuent entre les herbes folles, panote le long des immeubles récents, des constructions à bon marché qui ont déjà l'air d'avoir vécu des siècles et des siècles. La banlieue de Lisbonne, en pleine construction dans ces années 1960 coincées entre pauvreté et désir d'émancipation.

Júlio passe ses journées dans un espace tout aussi réduit que l'appartement de son oncle, un vieux beau pas pressé qui se dit très content de son sort, et qui aime avant tout courir les filles et lever le coude avec ses amis dans les bars de Lisbonne. Le jeune homme est apprenti cordonnier. L'atelier est bas de plafond, les hommes passent leurs journées courbés sur les chaussures de cuir, leur petit marteau à la main, la nuque tendue au-dessus de leur tâche.

On sent l?atmosphère confinée, rendue encore plus étouffante par l'odeur des corps en sueur, les senteurs du cuir et la fumée des cigarettes qu'on y fume à la chaîne. Mais parfois, par la fenêtre basse passe une bouffée d'air frais, un souffle nouveau qui a de grands yeux noirs et le visage mystérieux d'un Modigliani.

Ilda est une petite bonne, qui travaille pour une famille bourgeoise qui habite un immeuble moderne et luxueux. Le hall renferme des oiseaux, qui attirent irrésistiblement Júlio, qui retrouve là un peu de sa campagne. D'ailleurs, n'est-il pas pareil à ses oiseaux en cage, lui qui n'arrive même pas à ouvrir la porte sophistiquée de l'immeuble, et qui se retrouve coincé dans ce lieu où il n'est pas à sa place ?

Avec Ilda, ce sont des après-midi d'échappées, des instants arrachés à l'étroitesse du quotidien. Ils vont marcher dans la nature, mais la ville n'est jamais loin : Ilda rêve d'aller voir l'aéroport, symbole d'un monde qui bouge. Entre eux, c'est un amour pur, dans des c?urs qui n'ont encore jamais connu de tels sentiments. "Pur" : le mot vient de la patronne d'Ilda, une bourgeoise terrassée par des migraines, et qui regarde avec nostalgie cette idylle où ni le fiel ni le temps ne sont venus encore s'infiltrer.

Mais cette pureté est un absolu qui n'a sans doute pas sa place dans une société si triste, tout comme le couple n'a pas sa place dans les beaux immeubles qu'ils contemplent des terrasses de Lisbonne.

Ce ne sont que des petites frustrations : lors d'une journée avec l'oncle, ils doivent quitter un restaurant luxueux, mais trop cher, pour finir dans un bouge étroit. L'étroitesse, le manque de place, l'absence de perspective, encore une fois. Les amants n'arrivent même pas à aller ensemble jusqu'à l'aéroport, comme si tout espoir de départ leur était interdit. On ne s'extrait pas impunément de sa condition.

Pourtant, Ilda semble avoir un pied dans ce milieu bourgeois, dont elle connaît au moins les codes. Le temps d'une journée, elle fait rentrer son amant dans l'appartement, et défile devant lui revêtue des robes de sa patronne. Les rêves bourgeois d'Ilda et son goût de la vie, de la danse, sa séduction innée s'opposent au romantisme exacerbé de son amant, plus à l'aise au milieu des gamins pauvres et des herbes folles que dans les salons lisboètes.

Le drame de la jalousie se joue à travers des scènes du quotidien, comme cette dispute autour d'un pull offert à la jeune femme par l'oncle de Júlio, qui finit jeté dans la boue. Avant que le couple, finalement réconcilié, aille le chercher dans la mare.

Le film est ainsi habité de moments de grâce, qui nouent la relation du couple. Mais le romantisme n'a pas sa place dans ce monde où l'argent fait tout, où les bourgeois tripotent les domestiques et les cousines derrière les portes fermées, où le manque d'argent est un obstacle indépassable. On y finit coincé, une dernière fois.

 

Anne Sivan         
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