Monologue dramatique écrit, mis en scène et interprété par Geoffrey Rouge-Carrassat. Dans une salle à manger familiale, la grande table sur laquelle reposent une gerbe de fleurs blanches et une urne funéraire officie comme catafalque.
Le jour des obsèques, un jeune homme interpelle la défunte, sa trop aimée mère castratrice avec laquelle les relations étaient placées sous le signe du "double-blind", au cours d'une singulière cérémonie plurielle d'adieu, de libération et d'épiphanie profane.
Deuil de la mère, peut-être, et ce, dans un exubérant simulacre copien, adieu à l'enfance, sûrement, affranchi d'une l'emprise maternelle aux préceptes éducatifs pathogènes, et néanmoins fondatrice, et, surtout, une épiphanie.
Celle de la naissance à soi et de la libération du désir face à un homoérotisme soigneusement tu de celui qui s'était érigé en "Roi du silence" qui ne sont pas sans évoquer la "Confession d’un masque" du romancier japonais Yukio Mishima.
Maître d'oeuvre, Geoffrey Rouge-Carrassat, un jeune comédien que les passionnés de théâtre ont pu découvrir - et remarquer - dès son tendre âge dans les représentations publiques du CNSAD, et notamment sous la distribution éclairée et la direction de Daniel Mesguich dans le rôle-titre du "Lorenzaccio" de Musset.
Il livre un texte personnel peaufiné à la dramaturgie placée sous le signe du romantisme noir, et dispense, par une interprétation impressionnante de maturité et une mise en scène aussi flamboyante qu'esthétisante, avec la collaboration de Emmanuel Besnault et les belles lumières de Emma Schler, un fascinant opus. Et, tel son personnage, Geoffrey Rouge-Carrassat navigue avec une grâce inspirée entre jeu et incarnation dans cette saisissante chambre mentale empreinte d'autofiction.
|