Nous avons interviewé Buzy 2 jours avant le concert concert de présentation de son nouvel album Borderlove, qui doit avoir lieu jeudi 15 décembre à la Boule Noire.

La tension est palpable pour celle qui n'a fait qu'un concert depuis 5 ans (en septembre dernier, à l'occasion du festival Musik'elles) et dont le précédent album Délits remonte à 1998

Depuis 1998, date de votre précédent album "Délits", que s'est-il passé ?

Buzy : "Délits" est sorti en autoproduction, puisque aucune des majors que j'avais démarchées à l'époque ne voulait de cet album.

J'ai donc dû comprendre le mode de fonctionnement de chaque rouage de la sortie d'un album, alors même que ce n'était pas mon premier. Mais du coup, Délits a concrétisé tous les aspects que je ne connaissais pas jusque là, tout en me permettant une liberté formidable. Je suis ensuite partie en tournée en province.

Au total, "Délits" fût une expérience très positive sur le plan humain. Sur le plan de la critique, ce fut un succès d'estime et sur le plan commercial… ce fût un peu plus… confidentiel.

Au sortir de cette expérience, je me suis lancée dans un nouveau projet : remixer plusieurs de mes chansons avec des DJ's épatants. Au bout d'un an et demi, j'ai repris mon bâyon de pèlerin et suis allée présenter ces titres remixés aux maisons de disques. Là, je me suis entendue dire "Buzy, les remixes , c'est mort. Ce qu'on veut c'est un nouvel album". Ce qui, comment dire…. M'a un peu flinguée !

Et c'est moment, là, Jean-Louis Festjens, directeur éditorial du "Pré aux clercs", que je connaissais de longue date, me dit "Buzy, je veux que tu écrives ta vie." Après ce que j'avais entendu sur mon projet de remixes, ça m'a semblé franchement étonnant, mais je n'ai pas hésité très longtemps : j'ai plongé ! Pour une apnée de 7 mois. Pour un mode d'écriture on ne peut plus éloigné du format chanson. Pour l'aventure : Cinq heures de travail quotidien, sans relâche, pour aboutir aux 300 pages d'Engrenages (parution en février 2004).

"Engrenages", c'est un tournant pour vous ?

Buzy : C'est bien plus que ça ! C'est un livre magique ! Engrenages a connu un réel succès. C'est vraiment ce qui permet ma reconnexion : c'est le retour des fans, de ma famille, du milieu showbiz… c'est, oui, un livre magique ! C'est un peu difficile à dire mais oui, je suis très fière d'avoir écrit ce livre. J'étais prête à laisser tomber la musique et Engrenages m'a re-motivée pour partir sur un nouvel album.

C'est difficile de passer de la lumière à l'ombre ? On doute ?

Buzy : Oh là ! C'est au-delà du doute ! On veut tout arrêter, j'ai eu envie de passer à autre chose, de changer de métier. C'est d'ailleurs quelque chose que j'avais "préparé" : il y a cinq ou six ans, j'ai ouvert un cabinet de coaching (avec diplôme de psycho, s'il vous plaît !), j'y fait de la PNL (programmation neuro-linguistique).

Et aujourd'hui, alors que Borderlove vient de sortir, il est hors de question que j'arrête cette activité : c'est un réel équilibre. J'y rencontre des personnes différentes du monde du showbiz, et le travail que je fais avec eux m'apporte une connexion au monde qui est plus large. Oui, j'y trouve équilibre et sérénité.

Expliquez-nous comment s'est amorcé le projet "Borderlove" ?

Buzy : Et bien j'ai présenté 4 ou 5 titre à un producteur financier (Under Control) que je connaissais depuis "Adrian". Il a tout de suite dit "OK". J'ai eu une liberté artistique absolue. Le rêve, quoi ! D'autant que j'en étais arrivée à vouloir rompre avec l'isolement de l'artiste "auteur/compositeur/interprète" et que j'ai travaillé avec des personnes épatantes !

Alice Botté, évidemment, avec qui j'ai créé "Borderlove" et puis Jay Alanski sur "Extra-Terrestre", dont j'adore le travail qu'il fait avec "Reminiscence Drive" et, également, des grands frères et des petits frères : Daniel Darc, évidemment, que je connais depuis des années et avec qui je suis aux anges d'avoir fait "Les Papillons, une chanson pleine d'espoir , Pierre Fageolle qui est un jeune auteur compositeur et dont la chanson "Un mot pour ça" m'a tout de suite séduite, parce que j'adore l'Asie.

C'est quoi la différence entre "Délits" en 1998 et "Borderlove" ?

Buzy : "Délits", que j'ai fait avec Dimitri Tikovoï, est beaucoup plus noir et underground, il correspond à une période de ma vie assez sombre. A l'inverse, "Borderlove", que j'ai fait avec Alice Botté, est beaucoup plus lumineux et plein d'espoir. Et même une chanson comme "La stratégie de la Solitude" n'est pas négative, elle porte vraiment un espoir énorme.

D'où vient l'engouement actuel pour les 80's ? Qu'en pensez-vous ?

Buzy : Ca, je dois dire que dans les années 90, tous ceux qui avaient chanté dans les années 80 étaient considérés comme des ringards définitifs. C'est sans doute un peu comme un roue qui tourne. Mais aujourd'hui, les personnes qui écoutent de la musique ont 30, 40, 45 ans, leurs icônes viennent des années 80, c'est revenu dans la "hype" (rires) Le succès qu'a rencontré Engrenages en témoigne également.

La scène : c'est bon d'y retourner ou c'est un mal nécessaire ?

Buzy : Faut être complètement timbré pour aller sur scène ! J'ai une trouille bleue ! On a trois jours pour se préparer (pour le concert du 15 à la Boule Noire ), on est à fond, extrêmement concentrés et tendus, ce qui, je pense va nous permettre d'être le plus honnêtes possible : on n'a pas le temps d'attraper des habitudes ! Et puis il y aura des surprises à la Boule Noire : Bernard Lavilliers qui viendra chanter "Les Papillons" avec moi, Yann Péchin un guitariste fabuleux, qui viendra sur "Extra-Terrestre" et peut-être Patrick Eudeline sur "Décadents", évidemment !

Aujourd'hui vous êtes heureuse ou toujours habitée par le doute ?

Buzy : Je ne suis pas d'une nature négative. Je suis très angoissée, mais j'essaie de maîtriser l'émotion… Cela dit, faut être vraiment frappée pour retourner sur scène ! C'est vrai quoi, tout va bien et d'un seul coup, c'est comme si on cherchait absolument l'embrouille.. pffff Bon je dis ça, mais en sortant de scène aux Musiz'Elles (en septembre), j'était tellement heureuse que je n'ai pas arrêté de rire pendant des heures !