Dans l'espace d'exposition rénové du grand atelier du peintre Ary Scheffer et sous l'impulsion de Gaëlle Rio, sa nouvelle directrice qui souhaite ouvrir sa programmation culturelle au-delà du dixneuviemisme auquel il était dédié tout en conservant les tropismes du romantisme, le Musée de la Vie romantique présente une exposition d'art contemporain dont elle assure le commissariat avec l'historienne d'art Maribel Nadal Jové.
Intitulée "Coeurs - Du romantisme dans l'art contemporain", elle présente un florilège d'une quarantaine d'oeuvres réalisées autour d'une des thématiques de prédiction du romantisme et ce dans son sa polysémie, de l'esthétisme de sa graphie au symbole du sentiment amoureux dans ses différentes déclinaison, de l'idylle à la passion et de la séduction à l'érotisme, en passant par la jalousie et le deuil.
A tous coeurs
Déployée en sections thématiques dans deux espaces monochromes, rose et bleu poudrés, la monstration réunit des artistes phares à commencer par Annette Messager dont le "Coeur au repos" reproduit sur l'affiche, est fabriqué à partir d'un filet métallique, métaphore de l'amour piège avec sa forme callipyge tout comme la sculpture murale "Sleeping Heart" de la récente série "Sleeping Songs" détourne le sac de couchage à deux places en forme de coeur duquel émergent de noires mains griffues.
A ses côtés, les plasticiens Gilles Barbier métamorphose le crâne symbole de mort en hymne à l'amour éternel et Sophie Calle conceptualise le coeur organe révélé par l'encornement du toréador ("Torero").
Autre artiste emblématique, Jim Dine avec "Irene", une œuvre de 1993 inspirée de la chanson "Good Night Irene" dans laquelle se retrouve le tropisme iconographique du damier multicolore, apparié avec des cadets usant d'un motif récurrent, celui de la perle et du collier du sculpteur Jean-Michel Othoniel, "Kokoro", "Kokoro or Mori)" et de la cerise pour Jacques Halbert ("Sweet Hearts").
En contrepoint, Françoise Petrovitch revisite le thème de l'offrande du coeur de manière ambigüe ("Dans mes mains") tout comme Oda Jaune dans une étrange scène ambivalente entre cérémonie et chirurgie de transplantation avec des protagonistes aux têtes animales.
Avec laquelle contraste la peinture-collage "My Heart" de Niki de Saint-Phalle dont l'"Obélisque aux coeurs rouges", seule sculpture de la monstration à ne pas rater, est présentée isolément dans le salon de musique. Et le coeur demeure le symbole de l'amour heureux et lénifiant à l'instar des nouveaux amoureux de Peynet ("Nous deux - Mika et Sanna") customisés à l'aune de leur style néo-sulpicien kitsch par le duo Pierre et Gilles qui eux-mêmes fêtent ainsi leurs noces d'émeraude ("40 ans - Autoportrait") Du coeur au sexe il n'y a qu'un pas pour Mrzyk & Moriceau avec leur très suggestive, bien que dépourvue de titre, encre sur papier et pour Philippe Mayaux ("Tableau de mariage") avec deux coeurs 69. A ne pas rater, la seule représentation abstraite ("A frog jumped with a Powder-Brush into the Water), celle du peinntre et plasticien suisse qui fut affilié au mouvement Fluxus, l'oeuvre de Mark Molke conçue spécialement pour l'exposition consistant en un coeur calligramme conçu à partir d'un texte de George Sand et Alfred de Musset.
Et, au sein des collections permanentes sises dans le pavillon, les bijoux memorabile et ex-voto du 19ème siècle et un modèle de la collection automne-Hiver 2017-18 intitulé "Espectacular" de la styliste espagnole Agatha Ruiz de la Prada qui a choisi le cœur rose pour logo.
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