Un moment musical chez les Schumann
(Klarthe Records) janvier 2020
Dans les familles Schumann je voudrais : Robert (1810-1856), Camillo (1872-1946) et Georg (1866-1952). Pas de généalogie commune, hormis pour Georg et Camillo mais les trois sont originaires de Saxe, gardent des rapports étroits avec Leipzig : sa vie musicale et son conservatoire et apprécient J.S. Bach mais surtout Johannes Brahms. Chez les trois, on retrouve également une expression romantique, une force mélodique, un sens des dynamiques et de l’écriture.
La violoncelliste Cyrielle Golin et le pianiste Antoine Mourlas nous proposent donc un programme composé de la Sonate pour violoncelle et piano de Georg Schumann, de la Sonate n°1 de son frère cadet Camillo et des Fünf stücke im Volston de Robert Schumann.
Georg Alfred Schumann a construit sa réputation le long d’une carrière de compositeur, pianiste, chef d'orchestre et de chœur et professeur. Il a composé toute sa vie et même s'il a abordé tous les genres, il affectionnait plus particulièrement la musique de chambre : il a composé deux trios avec piano, deux quintettes avec piano, un quatuor avec piano et quelques sonates instrumentales dont celle-ci pour violoncelle composée à la fin de l’année 1897.
L’influence de la première sonate de Brahms est certaine : même tonalité, une écriture contrapuntique proche. Elle commence aussi à peu près de la même manière avec un tempo Allegro moderato con molto espressione mais surtout avec un violoncelle donnant le thème dans ses registres inférieurs contre les accords au piano. Le deuxième mouvement, Andante cantabile, commence dans une veine sombre, con dolore ed espressivo. Dans la section centrale contrastée, inspirée d’un lied de Brahms, l'humeur devient agitée et plutôt dramatique.
La musique de chambre occupe la plus grande partie de la vaste production de Camillo le jeune frère de Georg et son admiration pour Brahms, Bach, Rachmaninov ou Liszt est également évidente. Cette sonate n°1 (1905) témoigne de ses aptitudes mélodiques, de son écriture virtuose pour le piano et le violoncelle. Le feu, une énergie toute romantique, un lyrisme pour une intensité émotionnelle.
Les fünf stücke im Volston de Robert Schumann sont dans un esprit populaire proche de la musique folklorique mais n’empêche nullement une authentique élégance.
Schumann sous-titra le premier épisode vanitas vanitatum, l’une de ses locutions préférées, qui est aussi le titre d’un poème goethéen. Le second mouvement, en fa majeur, tonalité importante chez Schuman, ressemble à une berceuse, balançant doucement entre des phrases à trois et à quatre mesures. Le troisième mouvement central, plus tragique est rappelle un chant de la Dichterliebe : "Ich hab’ im Traum geweinet". Le quatrième est radieux, presque insouciant, tout l’inverse du dernier mouvement féroce et lugubre.
Les deux musiciens se complètent parfaitement, avec un son d’ensemble où chacun s’épanouit pleinement. Et puis il y a cette très grande musicalité toute en finesse et subtilité, un sens du phrasé, du chant qui nous porte tout le long de disque.
Notre Dame qui renaît de ses cendres, la fête des lumières à Lyon, le spirituel est partout en cette quasi veille de Noël. Mais ce qui nous illumine chez Froggy's, c'est la culture ! Voici notre petite sélection hebdomadaire à partager avec vous !