Monologue dramatico-humoristique de Hervé Le Tellier interprété par Gilles Cohen. Un homme dépressif et alcoolique attend l'homme qu'il a invité pour échapper à un morne dîner en solitaire, non un homme ordinaire ou de son entourage mais une personnalité historique et pas moins que l'homme d'Etat britannique Winston Churchill.
Et il attend en soliloquant. Mais contrairement à l'incertaine mais possible venue du Godot beckettien, celle Winston est bien évidemment impossible et l'homme au chapeau melon, cigare et V de la victoire ne ressuscitera pas même dans le cadre de l'illusion théâtrale sinon par le biais de quelques images d'archives. Et le maître de maison le sait puisqu'il a déjà débouché et entamé le champagne.
Tel est le propos de "Mon dîner avec Winston" avec lequel, après la transposition sur scène réussie de son excellent "Moi et Mitterand", Hervé Le Tellier, journaliste et romancier oulipien, repique au jeu du monologue humoristique sur la sollicitation du comédien Gilles Cohen admiratif de cette illustre figure.
Et il a conçu une partition dont la finalité, si ce n'est de constituer un biopic du "Vieux lion" truffé de ses aphorismes et bons mots et de citations de l'écrivain Rudyard Kipling dont le célèbre poème "If" traduit sous le titre "Tu seras un homme mon fils", tient, indique-t-il, à la création d'"un climax d’incarnation".
En effet l'opus interprété avec mesure par Gilles Cohen qui se met en scène lui-même et qui ne pâtirait pas d'un regard extérieur, navigue entre simulacre, psychodrame d'identification, dédoublement de personnalité et décompensation psychotique d'un personnage en déficit de confiance en soi et de reconnaissance. |