Fulbert ? Encore un nouveau prétendant à la nouvelle chanson française ? Non, catégoriquement et définitivement non ! Et non !
Car Fulbert se situe tout simplement, encore que ce n'est pas si aisé que cela, dans le registre de la chanson française à texte, celle de toujours, la bonne et dans un registre proche de celui de Jean-Louis Murat. Point-barre. A bon entendeur salut ! Point de variété ou de festif . Que ceux qui espère pogoter ou faire un karaoké passent leur chemin !
Côté line-up, Fulbert est composé de Xavier Plumas (auteur et chanteur de Tue-Loup) à la guitare et au chant, Cyril Bilbeaud (batteur de Sloy) à la batterie, François Chevallier (metteur en scène et compositeur) au piano et Marie Lenfant aux choeurs.
Avec une écriture personnelle, aboutie, riche posée sur une trame musicale d'une rare sensibilité, Fulbert nous offre, avec Les anges à la sieste, un album magnifique sur les soupirs de l'âme.
Soupirs délivrés par la voix singulière de Xavier Plumas, toute en tension retenue, à laquelle se mêle, en choeur ou en duo de voix, la voix organique très vibrante de Marie Lenfant.
Fulbert nous raconte la vie rythmée par le vent qui "nettoie la tête des andouilles"("Le vent"), la naissance des veaux ("Ici bas"), la saison des poireaux dans le "potager sauvage et généreux/A faire saliver les yeux/Et miauler l'estomac" du jazzy "Doucement" et le courage des pères laborieux ("A pied").
Mais aussi le désir, avec la métaphore des montées de sève du corps avec le très beau "Sur le capot" sur les vestiges des beaux jours ("Et dans ce corps inhabité/Déferle à présent le silence/Dans cet hiver immaculé/Mon Dieu je baise avec l'absence") et la sensualité de "La chanson de Cahors" ("Dis quelle odeur a la nuit/La-bas loin des pluies/Elle a l'odeur de ta peau").
Et ce n'est pas un hasard si Fulbert fait une reprise à tomber par terre de "Words" de Neil Young.
Sur fond de pépiements d'oiseaux et un grincement de porte métallique, avec "La bêche" l'album se referme sur le désir qui inonde et sur le grelot des vaches. Mais que l'on ne s'y trompe pas : ce n'est pas que bucolique .
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