"Ce qui frappe d’abord, ce sont élans interrompus, les pensées laissées en souffrance, les ruptures d’ordre, les arrêts de mouvement. Pour la première fois dans l’histoire jazziste, Parker paraît suspendre des parcelles de mélodie dans le vide. En réalité, par des liens ténus, au premier regard invisibles, les éléments communiquent entre eux et entretiennent des relations étroites. Pour apercevoir cette logique dissimulée, il faut liquider bien des préjugés et convertir bien des attitudes anciennes : à ce prix seulement le puzzle se reconstruit pour nous, le récit dilacéré, déchiqueté reprend forme, ce qui était divisé, séparé, se replace en l’unité retrouvée d’un ensemble." Lucien Malson

Choisir de construire un ensemble composé d’un tromboniste, d’un saxophoniste / clarinettiste et d’un contrebassiste laisse une part de liberté et peut ouvrir le champ des possibles. Et, quitte à reprendre Leonard Bernstein (le très bon Feelin’ Pretty en 2017) ou Charlie Parker avec ce disque, autant le faire avec une démarche esthétique qui change un tant soit peu.

Un Poco Loco, c’est Fidel Fourneyron au trombone, Geoffroy Gesser au saxophone ténor et à la clarinette, et Sébastien Beliah à la contrebasse. C’est une musique fantaisiste dans leur approche esthétique mais respectueuse des thèmes qu’ils abordent.

Charlie Parker c’est l’énergie, la virtuosité et le foisonnement. Tout ce que l’on retrouve dans ce disque. Alors on oublie nos certitudes, qui ne doivent plus en être depuis longtemps, on se laisser porter par ce trio, par le soin apporté aux improvisations, au travail sonore, aux timbres et aux différents modes de jeux (le travail sur le phrasé, les attaques...). Parce que l’esprit de Parker est là !

Les thèmes ("Bluebird", "Yardbird Suite", "Chasin’ The Bird", "Segment", "Shaw' Nuff", "Everything Happens To Me", "Ah Leu Cha"...) sont décortiqués puis se parent de nouveaux costumes. Alors ce n’est plus tout à fait pareil sans être totalement différent. A découvrir !