Olivier Bal, que j’ai découvert un peu par hasard l’an dernier avec son précédent ouvrage Le Maître des Limbes a sorti tout juste avant le confinement un nouvel ouvrage, L’affaire Clara Miller, publié chez son nouvel éditeur XO éditions.

Avec ce nouvel ouvrage, l’auteur français de 41 ans a fait le choix de quitter le monde du fantastique qui habitait ses deux précédents ouvrages pour se lancer dans celui du thriller plus classique. En sortant de sa zone de confort, ces deux ouvrages précédents sont juste géniaux, il a donc pris un risque, ici particulièrement réussi puisque ce premier thriller fonctionne parfaitement, pour nous tenir en haleine du début à la fin.

Evidemment, son pari est tenu car il s’appuie sur son style d’écriture particulièrement fluide, sur des chapitres qui, alors qu’ils ne sont pas cours parviennent quand même à donner du rythme à son ouvrage et sur une construction chorale dans laquelle il fait parler à tour de rôle les différents protagonistes de l’histoire. Alors certes, il n’a rien inventé en termes de construction puisque l’on trouve de plus en plus de romans chorals dans les thrillers sauf que ceux-ci ne sont pas toujours vertigineux comme peut l’être celui qu’il nous propose.

Alors de quoi parle ce thriller ? D’un lac de suicidés ! Encore que, est-ce bien des suicidés ? D’une immense star de rock qui vit dans un manoir transformé en forteresse à quelques mètres de ce lac, entourée d’une poignée de fidèles. D’un cadavre qui remonte à la surface de ce lac faisant de six le nombre de jeunes femmes retrouvées depuis plusieurs années. D’une jeune journaliste, Clara Miller, le dernier cadavre remonté. D’un autre journaliste, Paul Green, reporter au Globe, qui va enquêter, d’autant plus qu’il connaissait bien Clara Miller. D’une attachée de presse, Joan Harlow, qui veille sur l’intimité de Mike Stilth, la rock star, depuis bien longtemps. De Noah et Eva, les enfants de la rock star, qui vivent cloitrés dans la forteresse depuis bien longtemps, entourés de nombreuses nounous, sélectionnées avec soin.

Olivier Bal va donc balader le lecteur autour de personnages que l’on apprend à connaître au fil des pages. Cinq voix pour cinq destins : Clara, Joan, Noah, Paul et Mike. Cinq personnages qui vont au fil de leur histoire nous dévoiler l’intrigue dans sa globalité. Les tenants et les aboutissants se dévoilent au fil des témoignages avec intelligence. Chaque personnage a son importance dans l’histoire, aucun ne prend le dessus sur les autres.

Et puis, il y a ce lieu, Lost Lakes, l’endroit où est situé le manoir de la rock star, à proximité du lac des suicidés. Il est aussi, on peut le dire, presque un personnage à part entière du thriller puisqu’il dégage mystères et secrets nombreux, encore plus à l’intérieur de la forteresse. Un manoir qui nous hante, comme il hante les personnages et intrigue, le mot est faible, le journaliste Paul Green. Un manoir imposant, au fonctionnement bien particulier, au personnel intriguant dans lequel vivent reclus les deux enfants pour lesquels le lecteur ne pourra avoir que de l’empathie.

Alors voilà, le nouvel ouvrage d’Olivier Bal est tout simplement fabuleux, construit autour de personnages forts que le lecteur n’est pas prêt d’oublier. Il se dégage de cet ouvrage une ambiance mystérieuse et prenante dans laquelle le lecteur se retrouve immergé, ce qui fait la force et la qualité de cet ouvrage. Difficile d’en sortir, même une fois le livre terminé, difficile d’abandonner l’ouvrage en cours de lecture, même si le confinement nous facilite la tâche en ce moment.

Après avoir lu l’excellent Ghosts of L.A. de Nicolas Koch juste avant, je pense avoir enchaîné deux des meilleurs thrillers de ce début d’année 2020. Cela va être compliqué maintenant de passer après ces deux auteurs que je vous recommande vivement, qui n’ont pas encore la notoriété de certains auteurs français mais qui ont autant de talent pour nous proposer des fantastiques thrillers.

L’affaire Clara Miller est disponible en numérique pour ceux, je les comprends, qui n’auraient pas la patience d’attendre la réouverture des librairies. Alors on fonce, on n’hésite pas à découvrir Olivier Bal si ce n’est pas encore fait.