
C'est dans le cadre du studio Little, où nous enregistrions une double session avec Sarah Amsellem et Fabien Martin que cette interview s'est tenue. Comme son nom l'indique, ce studio, où officie Fabien Martin, n'est pas très grand. C'est donc dans une sorte de remise, entourés de divers instruments de musique et des vestes et autres manteaux des personnes présentes en ce samedi après-midi ensoleillé mais froid, que nous avons rencontré Sarah Amsellem pour son premier disque solo, Miracles, dont la prononciation se fait à l'anglaise.

Considères-tu ce premier album solo comme un miracle ?
Sarah Amsellem : Oui, si on prend en compte le temps qu'il a fallu entre la sortie de ce disque et le moment où j'ai commencé la musique.
Justement, quel a été ton parcours avant de sortir ce disque ?
Sarah Amsellem : Au tout départ, il y a une quinzaine d'années, j'ai travaillé sur un projet qui s'appelait Sidji Moon dont les fondateurs étaient Laurent Cokelaere et Hervé Gourdikian qui sont respectivement bassiste et saxophoniste. Ils avaient créé ce projet de musique fusion jazz électro rock world. Or sur certains morceaux, il fallait une voix féminine. J'ai donc participé au deuxième album du groupe, qui s'appelle "Kontrast". J'ai commencé comme ça, tout en composant mes propres chansons. J'ai ensuite fait une pause maternité. Puis je suis revenu en 2015, en duo. Le groupe s'appelait Ino Ara. J'étais compositrice arrangeuse et femme-orchestre. Je travaillais avec une autre chanteuse, Fanny Charmont.
Depuis 2017, je suis revenu à ce projet solo. J'ai toujours composé et écrit, mais je n'avais pas encore sorti mes propres morceaux.

Tes premières chansons étaient en anglais. Sur ce disque, on trouve essentiellement des chansons en français. Etait-ce pour être mieux comprise dans tes textes ?
Sarah Amsellem : Si j'ai commencé par l'anglais, c'est d'abord en raison de ce que j'écoutais. Mes influences étaient plutôt trip-hop et anglo-saxonnes. Au niveau des paroles, l'anglais venait plus vite. Je n'avais pas encore trouvé mon propre style. Le phrasé m'est venu beaucoup plus facilement en anglais. J'ai pu commencer à développer mon propre style. Puis lorsque j'ai commencé à dire des choses en français, ce même phrase et que j'avais développé en anglais m'a plu. Je m'y suis sentie bien. Ça m'a permis d'exprimer des choses différentes. C'est pour cela que mes dernières compos pour le disque étaient en français.
Ne crains-tu pas que le mélange des langues te rende difficile à identifier par le public ?
Sarah Amsellem : Je me suis longtemps posée cette question. Mais comme j'exprime des choses très différentes en anglais et en français, je n'ai pas eu envie de choisir. Les compos ont finalement été intégrées au disque à l'instinct. Aujourd'hui, j'ai toujours cet amour de la langue anglaise dans l'écriture et dans le chant. Pour mon second album, à l'instant où je te parle, j'ai l'impression qu'il sera néanmoins plus, voire exclusivement, dans l'une ou dans l'autre langue.
Composes-tu toujours au piano ? Et les idées d'arrangement viennent-elles dans un second temps ?
Sarah Amsellem : Je compose soit au piano, soit au ukulélé. Ça commence toujours par une mélodie et des accords. Dans un second temps, le texte vient. Enfin, j'habille le tout. Même si j'ai déjà en tête la couleur de l'arrangement, ça part d'une mélodie et un texte.
Tu disais que tu avais commencé à travailler sur cet album il y a déjà longtemps. Certains textes ou certaines mélodies sont-ils anciens ? Si oui, comment as-tu trouvé l'unité et la cohérence pour ce disque ?
Sarah Amsellem : Comme beaucoup d'artistes, j'ai beaucoup de chansons dans les tiroirs. Il fallait donc trouver une cohérence. Je n'ai gardé que 9 morceaux pour l'album. Les cinq premières chansons sont des compos récentes. À partir de là oui, parce que je savais ce que j'avais envie de dire, j'ai raccroché d'anciennes compositions. "Miracles", la chanson qui donne son titre à l'album, et la plus ancienne mais je tenais à ce qu'elle soit sur ce disque. Certes, elle est un peu différente parce que c'est un piano-voix, alors que les autres sont plus trip-hop. MAIS c'est le point de départ de cette aventure personnelle. "La fille au regard perdu" est, quant à elle, arrivée un an plus tard, en 2016. En les mettant dans l'ordre, j'ai trouvé que ça avait un sens.
Le fait d'avoir travaillé avec d'autres personnes, d'avoir été choriste par exemple, permet-il d'observer le milieu de la chanson et d'éviter certains pièges ?
Sarah Amsellem : Je ne sais pas si ça m'a permis d'éviter certains pièges. Quand on est au service de la musique de quelqu'un d'autre, ce ne sont pas les mêmes enjeux, les mêmes questions. Avce ses propres chansons, on se retrouve avec des questions qu'on ne se posait pas pour le travail de quelqu'un d'autre. Par contre, mes expériences précédentes m'ont permis de rencontrer des gens avec lesquels je travaille aujourd'hui ou qui me suivent et me soutiennent. De plus, en faisant des ateliers et en suivant des formations, j'ai appris comment les coachs dirigaient les interprètes. Je me suis dit que je n'oublierai pas ces conseils lorsque je serai lead à mon tour.
Comment s'est déroulé l'enregistrement ?
Sarah Amsellem : J'ai tout enregistré chez moi, dans un espace assez petit. Ça s'est fait en plusieurs fois, lorsque j'avais un petit moment. Avec deux enfants, je n'ai pas la place d'avoir un home studio disponible des heures durant. Ça pouvait être 2h un soir, puis je retouchais ma prise 2 ou 3 jours plus tard. Sans en avoir l'air, comme ça, ça s'est construit en quelques mois. Ensuite, je suis allée premixer en studio, à Mutterville, le studio de Katel et Tatiana Mladenovitch.

Quels sont les thèmes qui te sont chers ?
Sarah Amsellem : Ce sont la maternité et la transmission. De même, il y a la connexion à l'enfant intérieur. Le sujet de l'enfance est beaucoup revenu pendant la composition de ce disque. Et ainsi, la découverte et l'affirmation de soi sont aussi des thèmes qui ont naturellement découlé de réflexions que j'ai développées durant cette période. C'est en écrivant mes chansons que j'ai réellement appris à me connaître.
Retrouvez Sarah Amsellem
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