Rodrigo Diaz de Vivar, plus connu sous le nom du Cid, n’est pas que le héros d’une pièce de théâtre. Ce fut aussi un chevalier. Un vrai. Banni par le roi Alphonse VI, il a traversé l’Espagne au 11ème siècle. Il a gagné des batailles, contre les musulmans mais aussi avec eux. Il a été une sorte de mercenaire avant l’heure mais surtout un combattant légendaire.

Si le Cid voyageait à cheval, c’est à vélo que Marc Fernandez suit son chemin. 900 kilomètres le long d’un parcours qui le mène de Burgos, ville natale du chevalier, jusqu’à valence, où il mourut en 1099. Un véritable défi pour l’auteur, ainsi que la découverte d’une partie méconnue de l’Espagne, médiévale et désertique, loin des clichés, pour retracer la vie d’un personnage digne d’être un héros de polar.

Marc Fernandez n’est pas un inconnu pour Froggy’s Delight. Né en 1973, journaliste, il a été en charge durant plusieurs années du desk Amérique latine et Espagne pour Courrier International. Cofondateur et rédacteur en chef de la revue Alibi, consacrée au monde du crime et du polar, il est déjà l’auteur de trois romans noirs dont deux ont été chroniqués sur notre site, Mala Vida et Bandidos.

Avec son dernier ouvrage, l’auteur délaisse l’univers du polar pour se lancer dans le récit de voyage. L’ouvrage s’ouvre sur une carte, révélant l’itinéraire emprunté par l’auteur puis par une intro nous expliquant l’origine de périple, fruit d’une blague au départ. Un voyage fait de quatorze étapes, effectué en 12 jours, à différentes vitesses, 3,2 km par heure pour la plus lente et 51,2 km par heure pour la plus rapide. Un voyage fait aussi de chutes et de diverses inflammations.

L’ouvrage est ensuite construit en trois parties, une première dans laquelle l’auteur nous raconte son périple sur les traces du Cid, une seconde consacrée à l’histoire du Cid et une dernière partie sur l’arrivée à Valence, la sienne et celle du Cid.

Au-delà du défi physique que l’auteur s’est imposé, il voulait savoir s’il était capable de parcourir ces 9000 km avec 11302 mètres de dénivelé, l’auteur nous propose un ouvrage sur son voyage plutôt plaisant autour d’un espace espagnol immensément vide et méconnu. En même temps, il nous renseigne sur le personnage du Cid et les écrits le concernant.

Sorte de voyage intellectuel sans prétention, ce nouveau western, en référence aux paysages fréquentés qui ont d’ailleurs parfois servi de décor pour des grands westerns, est un ouvrage instructif qui se lit très facilement. J’ai découvert ce personnage du Cid, personnage assez fascinant d’ailleurs et j’ai appris de nombreuses choses concernant cette région espagnole que je connais très mal. J’ai découvert aussi l’existence à Caudé d’une plateforme immense de maintenance pour les avions de ligne, une aire de 120 hectares, lieu d’hivernage de nombreuses compagnies aériennes.

Alors voilà, Le nouveau western s’avère être une lecture dépaysante au niveau géographique et littéraire. Le double pari de Marc Fernandez est une vraie réussite, celui d’avoir parcouru ces 900 kilomètres non linéaires à vélo et celui de nous avoir embarqué dans la vie du Cid.