"Ah ! Ce que j’aime, ah ! Ce que j’aime la vie..."
Un parc, des terrains de basket plein de joueurs, Belleville, des danseuses chinoises.
En 2017, Babx ressent le besoin de se retrouver seul avec son piano, d’enregistrer un disque en solo. Il s’auto-confine et va rester chez lui sans sortir. Dehors le monde vit. Depuis la fenêtre de son appartement, le chanteur et pianiste observe son quartier, ce theatrum mundi, la ronde de la vie. Il y a ces femmes chinoises qui s'entraînent à danser près du terrain de basket, les saisons qui passent. L’anecdotique devient important, l’important peut devenir anecdotique. Et puis il y a la position solitaire du poète et une autre façon de ritualiser la musique.
"Je me suis fixé au même endroit pendant 1 an - ma fenêtre - J’ai regardé et écouté. J’ai laissé venir l’ennui et la solitude. Et comme un photographe animalier planqué derrière un fourré qui attend de surprendre la reproduction des mantes religieuses, de temps en temps j’appuyais sur le déclencheur pour faire une photo, et une chanson s’écrivait. Je voulais faire le portrait de ce lieu et le tour du cadran des saisons".
L’idée d’un film commence à germer. "J’ai d’abord filmé une vidéo par jour de ma fenêtre, avec exactement le même cadre à l’iPhone sans but particulier. Ensuite est venu l’idée du film. Nous avons tourné avec Yvan Schreck (avec qui nous avons co-réalisé le fim) tout le film - à l’exception des films du terrain - en studio. J’ai fait la plupart des prises des chansons sur le lieu du tournage dans les conditions du live. Certaines autres prises (piano solo par exemple) ont été enregistrées entre chez moi, le Studio Pigalle et le studio de Rodolphe Burger en Alsace". La solitude et le repli sur soi se transforment en une histoire de rencontres : les femmes chinoises acceptent sa proposition de jouer dans le film, l’équipe du film...
Pourtant, ces Saisons Volatiles resteront dans les placards. Pour plusieurs raisons : "La première raison est que j’ai eu une petite fille et que j’ai eu envie de décaler la sortie. La seconde, c’est que je n’ai aucune idée de comment l’on sort un film ! La troisième est que je n’avais pas envie de le sortir avec tambours et trompettes comme "mon nouvel album" mais de trouver le bon moment et la bonne manière de le faire sortir de chez moi...".
Printemps 2020. Il fait un temps magnifique mais personne pour en profiter vraiment. Les femmes chinoises ne sont plus là, les terrains de basket sont vides. Ne reste que le chant des oiseaux et le monde derrière ses fenêtres. Quel meilleur moment pour que ce film trouve enfin son public ?
Alors ce film-disque aura une résonnance singulière. Cette fenêtre, cet appartement, ce n’est plus le sien, c’est le vôtre, c’est le nôtre. Les danses rituelles ne sont plus là et ces chansons prennent une dimension toute particulière, comme la séquence des danseuses avec les masques.
Babx, c’est un sens mélodique, une voix et des textes. Et c’est avec bonheur que l’on retrouve tout cela ici. Il habite sa solitude avec une musique poétique, presque délicate ou fragile, évanescente, aérienne, fantasmagorique, toujours très belle.
Une musique aux airs de nouvelle vague, souvent impressionniste, classique et raffinée, parfois aux saveurs d’orients. De grandes chansons : "22 septembre", "Qui êtes-vous Madame Lin ?", "1er Novembre" et les morceaux pour piano seul : "La Dame aux éventails", "Chanson d’Automne" et "Lotus Blossom" qui font vibrer.
Il y a quelque chose d’intime, de totalement obsédant, troublant, poignant et envoûtant (dans la musique comme dans le film). Un merveilleux cadeau de la part de Babx...
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.