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Interview  juillet 2020

De Mötley Crüe à Pantera, de Black Sabbath à Bon Jovi, de 1954 à 1994, en deux tomes (de 1954 à 1988 et de 1989 à 1994) et plus de deux milles pages, Bruno Piszczorowicz nous raconte l’histoire du metal, de ses nombreuses ramifications du hard rock / heavy metal, etc.

Un (des) livre(s) absolument passionnant, à la fois détaillé mais sans jamais être ampoulé ou boursouflé et très agréable à lire. Une somme de travail incroyable, qui n’oublie pas ou plutôt qui redonne sa place au hair metal et qui avance année par année, mois par mois, mettant des focus sur différentes thématiques (MTV...) et les groupes les plus emblématiques. Pas le genre de livre à ramener à la plage mais plutôt à lire avec appétence, pour se (re)plonger dans nos années collèges (pas à Degrassi High) ou nos années Lycées (ni à celui d'Hartley) et détricoter ou retricoter toute cette histoire, en la replaçant dans un contexte historique en découvrant ou redécouvrant de nombreux groupes. Un vrai régal !

Nous avons profité de la sortie du second tome pour poser quelques questions à son auteur...

Comment est née l’idée de ces livres ?

Bruno Piszczorowicz : Je crois que ce projet a une double origine.

La première, c'est un regain personnel d'écoute et d'intérêt pour le genre dans la seconde partie des années 2000, non que je l'avais complètement lâché mais disons que j'y ai replongé avec enthousiasme et gourmandise, notamment via l'achat en ligne de disques d'époque, cette envie de me faire une collection, ma collection, des disques importants selon moi de l'époque.

L'autre élément qui y est lié, c'est la lecture de quelques livres consacrés à la musique métal (mais pas seulement) sensiblement à la même époque, livres de musiciens notamment mais pas seulement, livres souvent en anglais et dont la partie consacrée au metal mélodique était souvent abordé par-dessus la jambe car pas assez "noble" et trop compromis dans son rapport au business (je consacre un chapitre d'ailleurs du premier tome à la rivalité glam / thrash notamment à travers les valeurs supposées du metal, valeurs évidemment trahies pour tous ces agités de la plume et de la laque !).

Cette vision toujours tronquée de la réalité d'alors, en tous les cas cette sous-estimation systématique des bienfaits de ces groupes et de leurs aptitudes, m'a particulièrement agacé. Pour faire simple, l'histoire officielle (et semble-t-il acquise par tous les journalistes / auteurs s'intéressant au genre) n'était pas juste, j'avais envie de pondérer tout cela.

Je me suis aussi rendu compte qu'il n'existait pas de livres en langue française sur ce glam metal (et autres genres voisins), c'était un manque dommageable à mes yeux.

L'autre élément est la lecture d'un livre consacré à la musique électronique et son histoire qui aura achevé de me convaincre, cette fois au regard de mes "capacités" à mener à bien pareil projet. Également passionné de musique électronique (sans en être un spécialiste), j'ai eu l'impression que j'aurais pu écrire avec un minimum de recherches pareil livre et cela m'a convaincu d'aller sonner à la porte de l'éditeur Camion Blanc pour leur proposer ce livre en langue française qui manquait alors sur le glam metal et au-delà, tout le metal mélodique de l'époque, un genre que je connaissais bien mieux que l'électro et qui m'intéressait / m'intéresse bien plus.

L'accord fut très rapide à obtenir (nous nous connaissions déjà) et je suis parti avec appétit dans ce projet qui, au gré des aléas de la vie et avec des périodes un peu "dormantes", m'aura occupé tout au long des années 10, sur près de 10 ans donc !

Comment as-tu pensé la construction, l’architecture des deux tomes ?

Bruno Piszczorowicz : A la base, il n'était question que d'un seul livre mais j'ai beaucoup travaillé sur mon plan et je suis arrivé à cette espèce de monstre liant la chronologie à des éléments analytiques et biographiques.

Je ne pouvais me résoudre à le couper (par exemple ne faire qu'une chronologie ou alors au contraire ne garder pour cette dernière que les "gros" disques que tout le monde connaissait, etc.) et je suis donc parti bille en tête dans la rédaction une fois un plan largement détaillé établi, bien aidé par l'éditeur qui m'a encouragé à ne pas me "brider", bien lui en a pris !

En gros je me suis dit que je n'allais pas faire 5455484 livres dans ma vie et que celui-ci (ceux-ci au final) devait ressembler au maximum à ce que j'avais initialement imaginé. Ce n'est qu'au cours de la rédaction que le principe de 2 livres a été acté, tout simplement au regard de la quantité de pages annoncées. Il a fallu alors reprendre ce que j'avais fait, voir là où je pouvais couper et retravailler le tout pour en faire 1 volume, sorti en 2018, puis 1 second, sorti il y a quelques jours.

On a l’impression, et ce n’est pas un reproche, que ton livre s’adresse plus aux néophytes et à ceux qui ont envie de se replonger dans cette esthétique qu’aux spécialistes purs. On sent cette envie de partager, de transmettre cette passion...

Bruno Piszczorowicz : Je doute que des néophytes aient envie de se plonger dans 2x1100 pages sans s'intéresser un minimum au metal mais je voulais en effet avant tout raconter une histoire, c'est comme cela que j'ai abordé le travail, raconter cette époque, ces mois / années un peu comme un tourbillon et en voulant unifier en quelque sorte de nombreux éléments épars et non juxtaposer des chapitres isolés les uns des autres.

Un sacré challenge certes mais je trouve qu'il y avait pas mal de matières et d'histoires, petites ou grandes, à raconter et qu'il était possible d'intéresser avec elles les passionnés du rock en général, du moins ceux qui connaissent ou s'intéressent un peu au metal et à tous ses dérivés.

Je suis assez d'accord avec l'idée que les passionnés n'apprendront que peu de choses dans ces 2100 pages (sinon sur les chapitres analytiques, je pense notamment à eux sur MTV ou bien la censure, sinon aussi quelques petites anecdotes ici ou là) mais j'ai eu pas mal de retours de lecteurs qui m'ont dit avoir appris finalement pas mal de choses, dont acte !

Par contre mon livre est relativement généraliste, il n'est pas 100% glam metal ou sleaze ou hard FM ou autres, les furieux du genre seront certes en territoire connu mais, si je suis allé jusqu'à la troisième ou quatrième division du genre dans ma chronologie, je n'ai pas creusé plus encore pour produire au final une sorte d'encyclopédie du genre, ce n'était pas là mon but.

Mon but est resté de rendre hommage à toute cette musique, de raconter d'où elle vient comment et pourquoi elle est parvenue au sommet puis comment et pourquoi elle a sombré.

Et puis il y a la volonté de réhabiliter le hair metal mais également le sleaze, le hard FM...

Bruno Piszczorowicz : Pour moi la notion de hair metal intègre aussi bien le glam que le sleaze, le FM et d'autres (le fameux "hard US" surtout), le terme de réhabilitation est juste en effet, à la fois pour le genre en soi, moqué et presque considéré comme anecdotique dans l'histoire du genre, comme je le dis dans mon introduction, c'est un peu de vide entre le règne d'Iron Maiden et celui de Metallica, comme pour l'époque, les 80's qui est souvent montrée du doigt comme le règne du mauvais goût et de la mauvaise musique. Personnellement, je trouve qu'il n'y aura plus jamais de décennie aussi belle et riche que les 60's dans l'histoire du rock, au sens large, mais qu'il y a match entre les 70's et les 80's pour les deuxième et troisième place !

Je suis parti d'un postulat, celui que la musique metal a connu son âge d'or (soit son apogée musicale, créatrice et commerciale) dans ces années-là, c'est déjà une position qui n'est pas la parole officielle (les années 70 avant tout !) mais dont je suis convaincu à 100%. La diversité des genres, du plus calme au plus féroce, la maturation d'un style, le carton commercial, il y a tout dans ces années 80 !

Côté groupes, je parle de Metallica, de Saxon, de Mercyful Fate, de Napalm Death ou encore de testament certes, mais aussi de Tigertailz, de Britny fox, d'Autograph, de Night Ranger, il y a simplement une à deux couches supplémentaires de ce côté mélodique car il a entraîné avec lui tout l'ensemble, c'est une certitude pour moi.

N’y a-t-il pas quelque chose de la madeleine de Proust ?

Bruno Piszczorowicz : Oui un petit peu bien sûr, le livre peut intéresser ceux qui n'ont pas vécu cette période car il remet tout en perspective pour dresser un tableau d'ensemble assez jouissif au regard des réussites d’alors et puis ceux qui l'ont connu se replongeront dans leurs souvenirs, c'est pour cela aussi que je mets en avant des évènements marquants, musicaux ou pas, de l'époque, pour remettre les choses dans le contexte d'alors.

J'ai essayé de rendre justice à tous les groupes et artistes évoqués, même ceux qui me laissent de marbre personnellement mais sans pour autant leur passer la brosse à reluire bêtement, juste essayer de comprendre pourquoi et comment ils avaient pu toucher à ce point autant de monde.

Je crois qu'il doit y avoir 500 à 600 albums évoqués dans chaque tome, disons qu'il y a une petite dizaine dans chacun des deux livres qui sont de mon seul ressort, des groupes connus certes, sans plus, mais qui m'ont énormément touché personnellement et que j'ai voulu associer à cette Histoire avec un H majuscule.

Après je suis né en 1970 donc j'ai été baigné dans cette époque et il y a en effet un grand plaisir et un peu de nostalgie (mais de la joyeuse et heureuse nostalgie, pas de la mélancolique) à avoir replongé dedans, comme d'ailleurs je suis persuadé qu'il en ira de même pour beaucoup d'autres en le lisant.

Justement des différentes périodes que tu traites, quelle est ta préférée ?

Bruno Piszczorowicz : Sans hésiter les années 86 / 88, des années euphorisantes où les classiques succèdent aux classiques et où la montée de popularité est irrésistible, il s'agit pour moi du cœur de cet âge d'or musical pour le metal.

Il y a le frémissement, les années 81 / 82, le premier étage de la fusée ensuite avec les années 84 (surtout) et 85, l’apogée des années 86 / 88, l’omniprésence et le semi-âge d’or des années 89 / 91, ensuite 92 c’est l’année du choc et de la collision avec la comète grunge, 93 / 94 c’est la lente extinction !

Tu pointes assez bien du doigt la standardisation des différentes modes musicales...

Bruno Piszczorowicz : Pour la standardisation, c'est assez frappant je trouve pour peu qu'on prenne un peu de recul et qu'on examine un peu le pourquoi du comment d'une "mode" (et le pourquoi du comment de la fin d'une autre), l'histoire se répète toujours et avec à la fois un aspect musical : en général, une mode répond à une autre et semble en être le contraire absolu, Cf. glam et grunge) et économique : la nouveauté, toujours la nouveauté d'un côté, une mode par génération de l'autre.

Il y a quelque chose de très difficile avec les livres sur la musique, c’est justement l’absence de musique. Il faut pour goûuter pleinement le livre écouter cette musique. Comment as-tu pensé pallier ce problème, qui n’en est peut-être pas forcément un...

Bruno Piszczorowicz : En effet le manque de musique est frustrant, une conférence serait parfaite pour cela !

J'ai eu des témoignages de lecteurs qui écoutaient les artistes / albums évoqués lors de la lecture, je trouve que c'est assez facile aujourd'hui et plutôt une bonne idée. Par sa taille et l'aspect très dense du texte, je pense que la lecture idéale est d'y picorer à l'occasion, liant écrits et musique notamment. J'espérais donner envie de réécouter / écouter les disques évoqués, il semblerait que cela soit le cas c'est super.

J’invite sinon les lecteurs à aller piocher dans mes playlists Deezer (compte Bruno P, playlists par année sous intitulé "L'Ere Metal – 1981" (de 1981 à 1988 pour le moment, bientôt les années 89 à 94) ou bien sur YouTube (compte Bruno Piszorowicz, playlists par année sous le même intitulé que sur Deezer).

Pourquoi s’être arrêté à 1994 ?

Bruno Piszczorowicz : Le véritable âge d'or de cette musique pourrait se placer entre 1983 et 1992 / 1993 je pense, je voulais à tout prix entamer ma chronologie un peu plus en amont et la terminer un peu plus loin également, histoire de voir arriver l'onde de choc et de rendre compte également de son arrêt.

J'ai choisi de commencer mon récit en 1981 (même s'il y a 200 pages sur les années 50, 60 et 70) car c'est l'année de formation de futures têtes de gondoles (Mötley Crüe en premier lieu) et celle de la naissance de MTV, élément très important qui fait d'ailleurs l'objet d'un assez long chapitre dans le tome 1.

Le plan initial allait jusqu'en 1995 mais à la réflexion j'ai préféré arrêter en 1994, une année forte aussi avec la mort de Cobain et le crépuscule du "grunge" (en tant que phénomène de mode), l'émergence de futures stars de la décade (le néo metal pour faire simple, le carton de Nine Inch Nails également) et surtout la débandade totale de l'essentiel des groupes qui étaient au firmament quelques années auparavant. A la fin de l'année 1994 en effet, il n'y a plus de chanteurs chez Iron Maiden et Judas Priest, Mötley Crüe est en pleine gamelle et tous les autres groupes évoqués les années précédentes se cassent méchamment la figure, ou presque.

C'était une année délicate à écrire car assez négative, le challenge a été de rehausser le travail musical (de très bons disques sont toujours dispos) tout en dealant avec les infortunes de carrière.

 

Le Noise (Jérôme Gillet)         
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"Mahashmashana" de Father John Misty
"Oko" de Fidel Fourneyron
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et toujours :
"Cartoon Darkness" de Amyl and The Sniffers
"Day After Day" de Cy
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Au théâtre :

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"L'Art d'être bête" au Théâtre de Poche Montparnasse
"Toutes les choses géniales" au Théâtre Le Funambule Montmartre
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Du côté de la lecture :

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"Ecrits sur le cinéma" de Pauline Kael
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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