Voilà un ouvrage sorti en format poche dans la collection Babel chez Actes Sud qui a retenu mon attention ces dernières semaines me procurant quelques heures de lectures bien sympathiques. A la plume de cet ouvrage, un auteur que je découvre, Wilfried N'Sondé, né à Brazzaville au Congo, qui a grandi en Île-de-France, avant de partir à Berlin pendant 25 ans pour atterrir enfin dans la capitale des Gaules.
Son dernier ouvrage, sorti au cours de l’année 2018 et désormais en poche depuis quelques mois a rencontré un grand succès et reçu de nombreux prix. Il n’en fallait donc pas moins pour que je m’intéresse à cet ouvrage qui, de par sa dimension historique, ne pouvait que me plaire.
L’histoire tourne autour du personnage de Nsaku Ne Vunda, né vers 1583 sur les rives du fleuve Kongo. Orphelin élevé dans le respect des traditions, éduqué par les missionnaires, baptisé Dom Antonio Manuel le jour de son ordination, le voici, au tout début du 17ème siècle, chargé par le roi des Bakongos de devenir son ambassadeur auprès du pape.
En faisant ses adieux à son Kongo natal, le jeune prêtre ignore que le long voyage censé le mener à Rome passe par le nouveau monde, et que le bateau sur lequel il s’apprête à embarquer est chargé d’esclaves.
C’est donc un roman historique que nous propose l’histoire, tiré d’une histoire vraie, fruit d’un travail de documentation importante de l’auteur. On trouve une statue du prêtre noir dans l’église Sainte-Marie-Majeure de Rome.
L’océan, les deux mers et les trois continents représente le chemin parcouru par Nsaku Ne Vunda pour rencontrer le pape et lui délivrer son message, celui-ci étant de dénoncer l’esclavagisme et de plaider son abolition auprès du pape. Son voyage sera semé d’embuches, passant par le Brésil, enlevé ensuite par des pirates, prisonnier dans une geôle de l’inquisition espagnole. Il arrivera épuisé à Rome.
Roman d’aventures et récit de formation, l’ouvrage de Wilfried N’Sondé nous montre un véritable candide africain peu connu du grand public qui va voir sa foi en Dieu et en l’homme mise à mal. Il dénonce de nombreuses choses, de l’esclavagisme à l’inquisition en passant par la nature humaine dans ce qu’elle peut avoir de pire, tout en n’oubliant pas de préciser le rôle des élites africaines dans le commerce triangulaire.
Un océan, deux mers et trois continents est donc un très bel ouvrage, porté par le talent de conteur de l’auteur, sa plume poétique qui lui permet de signer un formidable plaidoyer pour les vertus de l’égalité, de la fraternité et de l’espérance. |