Réalisé par Hubert Sauper. France/Autriche/Etats Unis. Documentaire. 1h47 (Sortie 19 août 2020).
Personne n'a oublié "Le Cauchemar de Darwin" d'Hubert Sauper. Le cinéaste autrichien qu'on savait intéressé par l'Afrique pose dans "Epicentro" sa caméra sur le Cuba d'aujourd'hui.
Il s'est fixé un objectif très ambitieux : dresser un "portrait immersif et métaphorique de Cuba, utopiste et post-colonial".
Il ne s'agira en rien d'une apologie ou d'une détestation du régime révolutionnaire des frères Castro sous embargo américain depuis des décennies.
"Epicentro" de Hubert Sauper est au départ une plongée dans Cuba et parmi son peuple, particulièrement le petit peuple qui se débrouille à La Havane, entre restrictions et bureaucratie, sans jamais perdre sa bonne humeur colorée.
Sous-titré "Les petits prophètes de Cuba", le film démontre que la principale ressource du pays est sa jeunesse. Si Sauper s'autorise d'abord une promenade impressionniste et presque touristique dans un Cuba contradictoire, où l'on roule dans de vieilles et sublimes décapotables américaines sur un front de mer qui compte des paysages préservés, mais aussi où l'on aperçoit les méfaits de l'ouverture aux dollars avec la construction de grands hôtels, il va peu à peu mettre en scène des enfants rieurs. Des enfants qui observent tout ce qui se passe sur leur île et qui, pour l'instant, s'en amusent avec gouaille.
Il y mêle des images d'archives pour expliquer pourquoi Cuba est l'épicentre de l'empire américain quand il naît en 1898 de la guerre contre l'Espagne.
Polyphonique, musical, filmé à hauteur d'hommes et vraiment empathique avec son sujet , "Epicentro" d'Hubert Sauper n'est jamais ennuyeux, même si ses parti-pris nettement anti-étasuniens devraient lui faire perdre l'adhésion de ceux qui pensent que les Etats-Unis sont avant toute une grande démocratie.
Sans doute, malgré tout, ceux-ci reprendront le fil quand Hubert Sauper, dans la seconde partie d'"Epicentro", découvrira un personnage étonnant, totalement emblématique de la vitalité cubaine : Oona Castilla Chaplin.
Cette chanteuse et comédienne, descendante charismatique du génial vagabond, fait encore bifurquer le film. Enseignant aux enfants son art, elle est la lumière d'une œuvre finalement hors normes, qu'on ne pourra pas lire d'une manière univoque.
Bien loin des documentaires pré-formatés, "Epicentro" d'Hubert Sauper questionnera son spectateur et l'intriguera. Un beau résultat.
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