De prime abord, Vertige ne devrait t'évoquer qu'un trouble de l'équilibre ou une chanson de Bashung, pour les plus jeunes ou les plus ignorants : "Vertige de l'amour". Si maintenant je te parle de Jérôme Coudanne et de Robin Feix ?
Ces deux garçons, qui ont décidé de s'aérer et comme Bashung, dans la chanson dont je t'ai parlé, ils ont décidé de rêver fort et ensemble. Ils ont tous les deux connu la gloire, la reconnaissance, dans leur groupe respectif (Deportivo pour Jérôme et Louise Attaque pour Robin).
Ils se connaissent depuis plus de 20 ans, s'apprécient, c'est préférable d'ailleurs. Ils se ressemblent, puisque chacun a quitté Paris, afin de prendre un peu de recul avec cette gloire qui entraîne une perte de contrôle sur leur musique. Robin est parti à Brighton et Jérôme à Barcelone.
Robin, après le dernier album de Louise Attaque, avait pris la décision que son prochain projet serait radical. Radicalisation des sons, des attitudes et des mots halluciné et avait trouvé "un nom pompeux pour cette musique : pop radicale" (sic). Les choses ont le mérite d'être claires. Il a emprunté le jeune batteur du groupe, Nicolas Musset, en 2018, pour enregistrer les basses et la batterie d'un projet, encore vague.
"Je voulais tourner autour de trucs qui me tiennent à cœur depuis toujours en tant que bassiste : Peter Hook de Joy Division, les Young Marble Giants mais aussi le Manu Chao de Clandestin..."
Avec Jérôme, ils décident de jouer, enregistrer, sans but autre que d'y prendre plaisir, et cela s'entend. Ils commencent à Brighton, on en entend même les mouettes en backing vocals (sur le titre "Zorro")... Jérôme écoute les maquettes, trouve des mots.
Au bout de quelques mois d'échanges de fichiers, le résultat est là. Un songwriting minimal, une basse, pas de guitare, une voix, quelques claviers et le résultat est d'une ampleur spectaculaire. On tombe vite dans les griffes de ce qu'on pourrait imaginer, à tort, simpliste. Leur force, c'est de susurrer des mots durs que le rock hurlerait.
Les paroles de "Galaxie", faussement innocentes, ou le mambo de l'apocalypse, "Bassonica". Cet album regorge de pépites, de ces chansons qui t'interpellent et ce avec des chansons de 2 à 3 minutes maximum, c'est un parti pris, comme l'absence de refrain.
Les deux compères, s'échappent de leurs majors et signent chez At(h)ome, label à taille humaine (et pourtant tellement plein de talents, l'un n'empêchant pas l'autre) qui leur convient tellement mieux. Un producteur et le mixeur idéaux sont trouvés : ALB que connaît Jérôme et Stéphane Briat (Air, Phoenix). Et de cette union, de cette symbiose dirais-je même, est né Vertige.
L'album regorge de 14 pépites de fulgurance, de poésie, de virulence. Il ne faut pas hésiter à se laisser happer par ce Vertige. Histoire de bien nous mettre en appétit avant la sortie de l’album en septembre, le groupe nous propose un premier EP, Bipolaire et un clip pour le titre "Conduire", à l’image du groupe : simple et radical !
A noter que c’est Robin qui fait les dessins de la pochette et du clip. L’esprit de simplicité et de Do It Yourself comme on les adore !